Les abeilles victimes du cannabis
En Albanie, la prolifération illégale de la culture du chanvre terrasse les mouches à miel.

L'hiver 2016 s'est révélé fatal pour les abeilles albanaises. Sur les 360 000 ruches du pays, plus de 142 000 ont disparu en un an, alerte le Courrier des Balkans. Mais comment expliquer cette hécatombe inédite et dramatique pour les milliers de familles qui vivent de la production de ce miel réputé comme l'un des meilleurs au monde? En cause, ni le gel ni les parasites, mais la prolifération illégale des champs de cannabis lourdement chargés en pesticide, estiment les professionnels.
En quelques années, ce petit pays des Balkans est devenu le premier producteur de cannabis du Vieux-Continent. Pour la seule année 2014, ce commerce a rapporté plus de 4,5 milliards de francs, soit le tiers du produit intérieur brut (PIB) de ce pays désormais surnommé «la Colombie de l'Europe». Si bien que les autorités se sont lancées dans une véritable croisade contre cette production qui alimente le trafic dans toute l'Europe. Plus de deux millions de pieds de cannabis ont été détruits et neuf tonnes d'herbe ont été saisies l'an dernier par la police albanaise, appuyée par les services italiens. Mais face à la pauvreté et à la corruption, le combat semble perdu d'avance. Dans un pays où 45% de la population vit avec moins de cinq francs par jour, la tentation est grande de se tourner vers la culture de «l'or vert». Sachant que les deux kilos d'herbe se monnaient au prix d'une tonne de blé, les paysans albanais sont prêts à prendre tous les risques pour améliorer leur niveau de vie.
Par ailleurs, la nation des Aigles dispose d'une géographie idéale et d'un climat méditerranéen propice à ce type de culture. Ses montagnes et ses nombreuses forêts facilitent la dissimulation des champs, le soleil et les ressources en eau font le reste. Quant à ses côtes, situées à moins de 100 kilomètres de l'Italie (et de sa mafia), elles lui ouvrent une voix royale vers le marché européen. Le revers de la médaille, c'est que pour échapper à la surveillance policière, les plantes illicites grandissent dans des endroits très reculés et peu accessibles. Pour limiter les déplacements et les soins inhérents à cette culture, tout en augmentant le rendement, les paysans déversent des tonnes de pesticides, le plus souvent interdits. Les abeilles, particulièrement sensibles aux produits chimiques, n'y résistent pas.
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