«L'élection américaine peut ressouder l'Europe»
Daniel Cohn-Bendit était ce jeudi à la Société de lecture de Genève. Selon lui, l'UE pourrait évoluer vers l'union politique.

«L'année 2017 pourrait être magique pour l'Europe! L'élection aux Etats-Unis de l'homme à la mèche blonde, c'est un malheur pour eux, mais peut-être un bonheur pour nous. Pris entre Poutine et Trump, nous ne pouvons plus nous permettre nos petits jeux. Il faut développer la souveraineté européenne. Sinon, à l'échelle mondiale, l'Allemagne aura le poids du Luxembourg au sein de l'UE. La France, celui d'Andorre!»
Il y avait foule, ce jeudi à midi, pour écouter Daniel Cohn-Bendit à la Société de lecture de Genève. La vénérable institution a invité l'icône de Mai 68 pour ouvrir un cycle de conférences sur l'avenir du Vieux-Continent. «Je suis une espèce menacée. Je crois en l'Europe», lance-t-il d'entrée de jeu, sourire en coin. «Son devenir dépend de notre capacité à évoluer.»
Coincés entre Moscou et Washington
Certes, les gouvernements nationaux au sein de l'Union européenne rechignent à faire le saut et transférer plus de pouvoirs à Bruxelles. «Trop de décisions doivent être prises à l'unanimité des Etats membres. Ça tue la démocratie. Cela produit des blocages ou alors des compromis de compromis de compromis», déplore Dany le Rouge. Mais il voit s'ouvrir une fenêtre d'opportunité…
Les Vingt-Sept, qui se sentent menacés par Vladimir Poutine et peu rassurés par Donald Trump, feront peut-être le pas vers davantage d'Europe. D'autant que les Britanniques, qui étaient entrés à reculons dans l'UE et freinaient son évolution, vont en sortir.
Le Brexit, une aubaine?
La Défense, par exemple, peut être mutualisée. «Il y a deux millions de soldats en Europe. Mais pour faire quoi? Quand Paris et Londres ont envoyé leurs forces attaquer la Libye, il n'y avait plus de munitions au bout d'une semaine! Je préférerais une armée de 300 000 hommes capable de relever les défis. Ce qui implique une souveraineté européenne.»
«Suite au Brexit, la France sera l'unique représentante de l'UE parmi les cinq puissances nucléaires au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. L'Allemagne, elle, est la puissance économique du continent.» Il est temps de mutualiser ce siège permanent en échange d'une gouvernance européenne sur les questions économiques, estime Daniel Cohn-Bendit.
L'Europe des crises
Irréaliste? «Je suis né en 1945 de parents juifs allemands qui se cachaient à Montauban. Si vous leur aviez dit qu'un jour il n'y aurait plus de frontière entre la France et l'Allemagne, ils vous auraient traités de fous!» lance-t-il. «L'Europe, région qui a produit le plus de guerres, le colonialisme et deux totalitarismes, a surmonté l'Histoire et gagné la paix. C'est un progrès incroyable!»
Lui qui fut apatride jusqu'à l'âge de 14 ans martèle que la construction européenne s'est toujours fait «le dos au mur», face au Rideau de fer des régimes communistes. L'euro, monnaie unique, s'est décidée pour contrebalancer la réunification allemande et la crainte d'une hégémonie du Deutsche Mark. L'union bancaire supervisée par la Banque centrale européenne a été opérée suite à la crise des subprimes. La question des réfugiés, elle, n'a pas encore trouvé de solution européenne. Mais chaque crise, en somme, contient l'opportunité d'un pas en avant.
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