Hommage royalL’église anglicane de Genève célèbre la mémoire de la reine Elizabeth
Ce dimanche, à l’heure de l’Eucharistie, on a prié pour la «Queen of the world» et la famille royale d’Angleterre. Reportage.

Rue du Mont-Blanc, en venant de Chantepoulet, juste avant de filer sur François-Bonivard. Pas de doute, c’est elle. Collier de perles à trois rangs, broche de saphir de Ceylan, costume bleu vif, sans oublier bien sûr le chapeau reconnaissable entre tous. Her Majesty the Queen Elizabeth II, championne du color block, une même couleur des pieds à la tête.
À pied, à vélo ou en voiture, on ne voit qu’elle, même si le format n’est pas exactement celui – poster géant - qui domine depuis quatre jours Piccadilly Circus à Londres. Nous sommes à Genève et le support se rapproche davantage de la palissade de chantier.

L’église anglicane – Holy Trinity Church – est en travaux. Rénovation lourde en façade. Le bâtiment date de 1853, construit sur un site offert par l’État de Genève. Le voisinage immédiat est plus ingrat. Feu la reine d’Angleterre méritait mieux en effet que cette gare routière malodorante qui part en mille morceaux.
Mais elle a tout le reste, à commencer par la ferveur perceptible dès le début du premier des trois cultes donnés ce dimanche dans les murs de l’église anglicane. Une cinquantaine de personnes présentes. Des gens qui viennent de partout, de Suisse, d’Écosse, d’Asie, comme si les peuples du Commonwealth avaient envoyé à Genève leurs représentants.

La veille déjà ils sont venus en nombre à Holy Trinity signer le livre de condoléances déposé, pages ouvertes, à l’entrée de l’église. Ils écoutent maintenant la pasteure, la révérende chanoine Daphne Green, assurer le service religieux jusqu’à l’Eucharistie, entrecoupant cette liturgie spéciale de prières pour la reine morte et la famille royale. «La mère de Charles, notre nouveau monarque, était la gouverneure suprême de l’Église d’Angleterre, explique-t-elle, un point central pour l’unité de notre Église au sens large. Elle était un exemple accompli d’une vie chrétienne.»
Daphne Green poursuit: «C’est une période de grande tristesse pour nous au Royaume-Uni, mais aussi ici à Genève. Beaucoup de gens à travers le monde aimaient la reine et la tenaient en grande estime. Nous avons l’impression d’avoir perdu quelqu’un qui était immensément important dans nos vies. À l’image d’un leader moral, sage et courageux, que nous connaissions aussi de plus près, en tant que mère, grand-mère et arrière-grand-mère, cheffe de la famille royale.»

On traduira, avec les mots d’aujourd’hui: l’exemple parfait d’une gérontologie positive, «Queen of the world», arrivée à l’âge canonique de 96 ans avec une présence d’esprit et une prestance physique inentamées. «Si on n’a pas plus de 70 ans, on n’a jamais connu quelqu’un d’autre», fait remarquer à juste titre Michèle Walker à la fin de cet office religieux du matin.
On quitte la rue du Mont-Blanc en emportant avec soi les paroles du nouvel hymne national chanté quelques minutes plus tôt. Le sexe a changé sous la couronne royale, c’est un «God save the King» qui retentit dans les rangs de l’église anglicane.
Mais pas encore dans les stades de foot du championnat d’Angleterre, mis à l’arrêt ce week-end en raison du deuil national décrété. «Une décision raisonnable, le temps du recueillement passe avant celui des manifestations sportives», commentent nos interlocutrices. À Liverpool, les fans du club local devront choisir. Ils chantent déjà à la gloire du «King», mais le leur vient d’Égypte.
Retour à Genève pour relayer l’annonce faite ce dimanche aux fidèles de l’église anglicane. Dans une semaine, le dimanche 18 septembre à 18 h, veille des funérailles de la reine à l’abbaye de Westminster, une messe particulière, sous la forme d’un service de commémoration, sera organisée à Holy Trinity. Ouvert à tous, y compris aux représentants des consulats basés à Genève, ainsi qu’aux membres des communautés britanniques et du Commonwealth. L’église promet d’être pleine à craquer.
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