Enseignement et politiqueL’école genevoise à deux vitesses
Ce billet est signé par un blogueur de la plateforme «Les Blogs» en partenariat avec la «Tribune de Genève». Il n’engage pas la Rédaction.

À ma connaissance, Citroën ne l’avait pas osé, mais le DIP l’a fait! Un modèle d’école à la fois populaire, puisque les élèves sont réunis dans les mêmes classes et élitiste, puisque certains accélèrent jusqu’à gagner une année sur le parcours. De plus, dans certaines disciplines (maths et français en 9e, puis allemand et anglais en plus), le prof va devoir travailler à deux vitesses, l’une quand il s’adressera au groupe de compétences dites de niveau 1, l’autre lorsqu’il s’occupera de l’autre groupe de compétences niveau 2.
La gestion de ce modèle à vitesse variable va inévitablement poser de gros problèmes. Tout d’abord, l’effort de différenciation demandé aux profs va s’avérer de plus en plus fatigant à mesure que les grandes vacances s’éloigneront; il y a fort à craindre une multiplication des burn-out au fur et à mesure de l’avancement de l’année scolaire. Ensuite se pose la question des forts en thème. Seront-ils dans une classe séparée dès le début? Ou seulement la deuxième (et dernière) année? Dans le premier, ce serait la création d’une filière d’excellence, à l’opposé de la philosophie de mixité dont se pare la loi; dans le second, il leur faudra quitter leurs copains et se trouver avec d’autres camarades, plus âgés qu’eux, qui auront déjà vécu la puberté, alors que nos fleurons tomberont dedans. À cet âge, le décalage peut s’avérer énorme et marginaliser totalement les plus jeunes, exclus du groupe des pairs. Et cela compter sans l’image d’«intello» que la plupart des bons élèves prennent soin d’éviter pendant leur cycle!
Bref, deux risques majeurs, l’épuisement du corps enseignant et la mise à l’écart des meilleurs élèves! Le clash est programmé, comme il l’aurait été avec une 2 CV turbo!
Il faut toutefois remarquer que le modèle précédent, avec les trois regroupements et des passerelles censées perméabiliser le système au maximum ressemblait à une Fiat Abarth bridée à 120 km/h. !
Les deux systèmes possèdent en fait le même vice de fabrication: ce sont des modèles politiques et non pédagogiques; ils sont conçus pour obtenir le plus large soutien possible des différents partis, sans véritablement prendre en compte la cohérence pédagogique qui devrait en garantir le fonctionnement. Donner des gages à la gauche comme à la droite, ça permet d’être voté en urgence au Grand Conseil, ça ne garantit aucunement que la réalité du terrain et du vécu des acteurs de celui-ci ait été prise en compte!
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