SuisseLe voile se lève sur l'internement administratif
La commission chargée de faire la lumière sur les internements administratifs en Suisse a dévoilé trois nouvelles publications.

Fallait-il remplir les prisons «avec des enfants abandonnés» ? A travers neuf publications, dont trois ont été publiées lundi, une commission d'experts indépendante (CIE) fait la lumière sur les internements administratifs qui ont touché près de 60'000 personnes.
«Les prisons de l'époque étaient-elles à ce point vides qu'il faille à tout prix les remplir... avec des enfants abandonnés?», se demande une victime des internements administratifs, dont le témoignage est retranscrit dans ces ouvrages. «J'ignorais pourquoi je me retrouvais enfermée là et pour combien de temps», précise-t-elle en témoignant des violences dont elle a été victime au centre de Bellechasse (FR).
L'internement administratif désigne des mesures qui ont mené à une privation de liberté dans un établissement fermé. Les personnes emprisonnées n'avaient pas commis de délit, mais leur mode de vie ne correspondait pas aux attentes des autorités.
Milliers de documents d'archives
Instituée par le Conseil fédéral en novembre 2014, la CIE a recueilli et analysé ces quatre dernières années des milliers de documents d'archives. En s'appuyant aussi sur les témoignages des survivants, elle a déjà publié en mai une première série de livres sur la question. La commission livrera ses recommandations en septembre.
Les travaux de la CIE couvrent une période allant du début du XXe siècle à 1981. Il est impossible de fixer une date précise au début des internements administratifs en Suisse. Chaque canton a fixé ses propres lois.
A défaut de base légale, l'internement administratif était utilisé à de nombreuses fins. Il a servi tout autant à faire la «police de la pauvreté» qu'à lutter contre l'alcoolisme ou faire respecter des normes sociales et morales, surtout pour les femmes. La mesure est ensuite devenue un instrument de «rééducation» pour les jeunes jugés rebelles.
Rééducation par le travail
Les trois ouvrages publiés lundi présentent la vie quotidienne de ces internés, qui se retrouvent enfermés sans savoir pourquoi, ni quand ils pourront sortir, ainsi que la pratique des autorités en la matière. Le travail était central dans le processus, il devait permettre d'opérer une transformation chez les personnes internées.
Mais les directeurs de ces établissements semblaient avant tout préoccupés par la rentabilité et la recherche de mandats. Des internés se retrouveront ainsi jusque dans les entreprises privées. Le centre de Bellechasse (FR) enverra notamment de la main-d'oeuvre chez Micarna, Selecta ou Saia.
Toutes les publications de la CIE sont disponibles gratuitement, sous forme de livre électronique, sur le site internet de la commission. La série comprend un livre de portraits, un volume consacré à la diffusion du travail de la CIE, six volumes de recherche et un volume consacré aux sources. Un rapport final destiné au Conseil fédéral sera publié en septembre 2019.
ats
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