Concours de GenèveLe violoncelle étincelant de Michiaki Ueno triomphe au Victoria Hall
Le Japonais a remporté avec panache le premier prix, suivi par le Canadien Bryan Cheng et le Coréen Jaemin Han.

Avec Michiaki Ueno, c’est un certain sens de l’audace qui a triomphé jeudi soir au Victoria Hall, lors de la finale violoncelle du Concours de Genève. Tignasse à peine bouclée tombant sur les yeux, silhouette frêle et sourire timidement esquissé, le jeune interprète, 25 ans, s’est emparé de la scène et a conquis le jury en plongeant avec aisance dans le redoutable «Concerto pour violoncelle» de Witold Lutoslawski. Son choix culotté, pioché dans une palette d’œuvres à l’approche davantage aisée, a frappé d’entrée les esprits. Tout comme l’assurance de son jeu, sa manière d’habiter avec intensité tous les interstices de cette pièce. Passages éthérés et climax explosifs ont trouvé sous son archet une plasticité saisissante et un nerf tenace.
«Ce que nous cherchons auprès des candidats, ce sont des figures qui ont quelque chose à raconter, relève au téléphone, au lendemain de l’épilogue, le secrétaire général de la compétition, Didier Schnorhk. Michiaki Ueno est de celles-là et il l’a démontré lors de la demi-finale déjà, en proposant notamment une pièce exigeante, «Kottos» de Iannis Xenakis. Avec Lutoslawski, il a généré une vague d’une puissance rare. Cette musique est forte, mais il faut savoir la porter. Le candidat japonais y est parvenu.»
Talent précoce
Aux côtés du premier prix, et toujours accompagné par l’Orchestre de la Suisse romande sous la direction de Georg Fritzsch, Bryan Cheng n’aurait pas démérité de monter sur la plus haute marche. Le Canadien de 24 ans a démontré qu’il est déjà un interprète accompli sachant déployer des sonorités flamboyantes et une musicalité fine. Son «Concerto pour violoncelle» d’Elgar a coulé avec évidence, sans anicroches ni failles. Très bonne mais pas bouleversante pour autant, sa prestation a rencontré néanmoins les faveurs du public, qui lui a décerné un prix.
Il y a eu enfin, parmi les trois finalistes, le Coréen Jaemin Han, un prodige qui a bluffé tout le monde lors des tours éliminatoires par sa grande précocité. À 15 ans seulement, le musicien a réussi l’exploit de se hisser parmi les premiers, et c’est à saluer. Mais sa dernière prestation – sur la même œuvre choisie par Bryan Cheng – a manqué hélas d’assurance. Dépassé probablement par l’enjeu et par l’émotion, le finaliste a aligné quelques scories dans les intonations et ses phrasés ont paru peu fluides. Pourtant, il est à peu près certain que, tout comme les autres lauréats, ce talent est promis à une belle carrière.
Et avec ces trois figures, qui ont animé une des soirées les plus intenses de ces dernières éditions, le Concours de Genève a trouvé de beaux ambassadeurs qui brilleront ailleurs dans le monde.
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