«Jusqu’ici tout va bien». C’est le nom qu’a choisi Stylez’C pour son clip sur le racisme. Il a décidé de quitter un bref moment les scènes de compétitions qu’il adore, pour s’exprimer, en mouvement, sur ce sujet qui lui tient à cœur. Et plus précisément sur les délits de faciès et les violences policières.

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«Malgré l’esclavage et toutes les violences racistes, on est là, puissants, et on n’abandonnera pas. On n’a pas tous la même couleur de peau, mais notre sang a la même couleur. Il faut avancer ensemble au lieu de se battre.» Son message, il l’avait déjà présenté au World of Dance de Bienne en 2017, mais les organisateurs américains avaient refusé de retransmettre les images de sa performance. Parce qu’ils les trouvaient trop violentes.

Toujours contrôlé en premier

Le racisme ordinaire, William Bejedi en a aussi ressenti les effets. «J’ai grandi à Brig, j’étais régulièrement contrôlé par la police, contrairement à mes camarades blancs. J’habite maintenant à Bâle, mais je suis toujours contrôlé à la douane en premier. Ce sont des petites agressions qui font mal», raconte le chanteur du groupe suisse «Klischée». C’est lui qui a donné, avec la réalisatrice bâloise Brigitte Faessler, sa compagne, l’occasion à Stylez’C de prendre sa revanche. Le duo l’a contacté pour lancer leur projet «Cubique presents».

Le concept? Accueillir des danseurs, principalement Suisses, pour qu’ils racontent une histoire en dansant autour d’une structure métallique de forme cubique. Cette série vidéo composée de huit clips sera dévoilée au compte-gouttes, de mai à novembre.

«Elle nous a coûté plus de 50’000 francs. On a eu la chance d’avoir beaucoup de matériel prêté gratuitement ou sponsorisé, d’innombrables heures de travail effectuées gratuitement par toute l’équipe, quelques aides de particuliers et l’aboutissement d’un financement participatif de 20’000 francs», explique William Bejedi. Pour la récolte de fonds, lui et son équipe ont pu compter sur de nombreuses personnalités.

Stress présent dans le clip

Contactés sur les réseaux sociaux, les rappeurs Stress et Nemo, la footballeuse Sarah Akanji, la danseuse Perla et de nombreux autres artistes et sportifs ont largement relayé leur campagne de crowdfunding. Et ils seront tous présents dans le clip de Stylez’C.

Bien que «Cubique presents» soit un «à côté» dans leur carrière respective, le couple d’artistes s’y investit pleinement. Et pourtant, ils l’ont lancé un peu par hasard, lorsqu’ils ont accompagné Dakota &Nadia à Los Angeles, aux championnats du monde «World of Dance» de 2018. Ce duo de danseurs suisses avait auparavant été sacré à l’émission «La France a un incroyable talent». Le quatuor s’est mis d’accord pour programmer le tournage de deux performances sur le thème des violences conjugales.

Mais leur voyage les a menés plus loin, avec la rencontre de Fudd, danseur du style «Krump» typique de la Cité des Anges. Avec ses fils Ruc Boi et Evil Ryu, celui-ci voulait exprimer le sentiment d’être père et de devoir laisser ses enfants prendre leur propre envol. Et «Cubique presents»… a répondu présent. Les trois Californiens seront ainsi les stars du deuxième clip de William Bejedi et Brigitte Faessler qui sortira le 6 juin.

Les Américains feront presque figure d’exception, parce que la plupart des danseurs sont Suisses. Un objectif voulu par les deux concepteurs: «Être danseur professionnel en Suisse est très difficile. Contrairement à l’Angleterre ou à d’autres pays, nous n’avons pas de syndicat lié à cette profession. C’est pourquoi nous voulions mettre ces artistes sur le devant de la scène et pas derrière un chanteur.»

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