Le troisième pilier devient la bouée de sauvetage de la retraite
Face aux défis de l'AVS et des caisses de pensions, les Suisses cotisent de plus en plus de façon individuelle.

C'est le grand absent du débat sur la Prévoyance vieillesse 2020. Alors qu'une votation cruciale sur les retraites aura lieu le 24 septembre, personne n'évoque le troisième pilier. Normal, diront certains, car, si la prévoyance vieillesse repose sur le principe des trois piliers, seules l'AVS et la prévoyance professionnelle sont obligatoires. La prévoyance privée est facultative.
Au-delà de la théorie, la pratique montre que le pilier 3a s'est largement généralisé. Les statistiques des nouvelles rentes publiées début avril sont criantes. En 2015, 87 000 personnes ont reçu pour la première fois l'AVS, 74 500 ont touché un 2e pilier (rente ou capital), et 68 000 ont perçu un pilier 3a, pour un capital de 60 000 francs en moyenne (la médiane étant de 45 000 francs).
Peut-on conclure que 78% des nouveaux rentiers ont cotisé à un pilier 3a? «On ne peut pas comparer ces chiffres, explique Olivia Huguenin. Il ne s'agit pas forcément des mêmes personnes.» La cheffe du domaine Revenu et pauvreté de l'Office fédéral de la statistique (OFS) préfère nous renvoyer vers une autre étude. «En 2012, 64% des personnes actives entre 25 et 65 ans alimentaient un pilier 3a. Ce chiffre monte à 69% pour les 40 à 54 ans.»
Des chiffres sans doute plus élevés aujourd'hui, à l'image de l'évolution constatée par Raiffeisen. Le nombre de comptes 3a a plus que doublé entre 2006 et 2016, pour des montants qui ont presque triplé. «La croissance est stable avec une progression comprise entre 6 et 10%», explique Philippe Thévoz, porte-parole.
50 milliards en 2013
Si les Suisses se ruent sur un troisième pilier, c'est parce qu'ils craignent pour leurs vieux jours. Une étude publiée en 2009 par Comparis montre que la prévoyance vieillesse est spontanément citée par 69% des cotisants à un pilier 3a. Les avantages fiscaux n'arrivent qu'en deuxième position (34%), alors que l'acquisition d'un logement ne motive que 15% des épargnants.
La hausse de l'âge de la retraite des femmes et la baisse du taux de conversion prévues dans la Prévoyance 2020 ont-elles renforcé les inquiétudes et boosté la tendance? «Nous n'avons pas remarqué de différence, explique Barbara Störi, porte-parole de Swiss Life, un des géants du secteur. Les défis auxquels sont confrontés les 1er et 2e piliers ne datent pas d'hier.» En 2013, plus de 50 milliards de francs étaient placés sur des comptes bancaires 3a. Quatre ans plus tard, c'est sans doute beaucoup plus.
Même si ces montants ne sont pas du tout comparables à ceux des deux premiers piliers, ils montrent que la prévoyance privée prend toujours plus d'importance. De quoi faire réfléchir l'Office fédéral des assurances sociales? «Les chiffres de l'OFS sur les nouvelles rentes reposent sur l'observation d'une seule année, répond Colette Nova, sa vice-directrice. Ils peuvent avoir été influencés par des facteurs particuliers et ne sont donc probablement pas très représentatifs. Il faudra attendre de disposer de plusieurs années d'observation avant de tirer des conclusions.»
Vilain petit canard
Il faut dire que le troisième pilier est un peu le vilain petit canard du système. La gauche a toujours été très sceptique. «Avec le troisième pilier, on est loin d'une logique de prévoyance sociale, réagit l'ancien conseiller national Stéphane Rossini (PS/VS), spécialiste des assurances sociales. Il s'agit d'un outil d'épargne individuelle avec soustraction fiscale, utilisé à toutes les sauces par les classes de salaires moyennes supérieures. Il n'y a aucune solidarité et les plus petits revenus n'ont pas les moyens d'épargner.» Selon le Conseil fédéral, seuls 10% des contribuables sont en mesure de faire valoir l'entier de la cotisation maximale au pilier 3a.
Pour Stéphane Rossini, la question est de savoir quelle sera la contribution de cet avoir à l'âge de la retraite. «Si vous utilisez votre troisième pilier pour acheter une maison, vous n'aurez pas de rentes supplémentaires. On estime qu'avoir un logement est une forme d'assurance. Mais, quand vous êtes dans un home, c'est de liquidités que vous avez besoin.»
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