Marathon d’arts vivantsLe Théâtre du Grütli met le pied dans les starting-blocks
Pour la quatrième fois, les codirectrices Barbara Giongo et Nataly Sugnaux Hernandez crient Go Go Go! à la cantonade pour bien démarrer l’an neuf. Et gratuitement avec ça!

Malgré les années Covid, janvier sonne définitivement l’heure de Go Go Go! après à peine trois éditions passées, d’une durée de trois jours à chaque fois. Les pèlerins de la scène indépendante ont intégré dans leur métabolisme qu’ils n’entameront pas 2023 sans picorer illico de la performance à la Maison des arts du Grütli. D’autant qu’en lieu et place de tickets payants, ils n’ont qu’à retirer sur place des contremarques gratis.

Ces jeudi, vendredi et samedi à venir, pas moins de 18 propositions nous font de l’œil de la cave au grenier, débouchant sur une fiesta maximale aux mains de la DJ Ka(ra)mi. Au travers de formes légères – majoritairement des soli et des duos –, c’est au total une trentaine d’artistes, émergents et confirmés, d’ici et d’ailleurs, qu’on verra occuper un bout de plancher, qui au fond d’un couloir ou sur la terrasse, qui sur le plateau du haut ou du bas, qui enfin dans un studio à l’étage ou dans le gueuloir du sous-sol.

À moins qu’on en décompte le double en mirage, tant les spectacles tendent à creuser le thème de la dualité. C’est par exemple le cas du «Self/Unnamed» du Français Georges Labbat (collaborateur de Gisèle Vienne), qui explore sa potentielle gémellité en dansant avec un alter ego de résine, jusqu’à ce que les frontières entre eux s’évanouissent. Ou celui de son compatriote Olivier Koundouno (accompagnateur d’Emily Loizeau), quand il fait résonner ses parts africaine et parisienne en frottant les cordes de son violoncelle dans «Mouliândo».

Dans la salle de Fonction: cinéma, c’est la duplicité de l’acteur qu’examine Guillaume Miramond dans «Double(s): Lulu»: ou comment un vrai-faux comédien déjoue son rôle en prenant le pouvoir à la fois sur son metteur en scène et sur son spectateur. Avec «Out of Me, Inside You», la Tessinoise Francesca Sproccati donne pour sa part une portée révolutionnaire à cette mélancolie qu’elle réverbère à l’aide de vidéos, de paroles et de sons. Tandis que la danseuse Mélissa Guex, elle, tente par «DOWN (titre de travail)» de traduire la (re)descente indissociable de toute (re)montée.

Côté féminisme, on assistera encore à la déconstruction par Sofia Kouloukouri d’une conférence sur Ève, «première femme du monde» qui n’en a pas moins à reprendre possession de son histoire après des millénaires de domination masculine. On prendra artistiquement connaissance du harcèlement subi par Clara Delorme suite à sa performance «L’Albâtre». Ou on verra la chorégraphe Marion Zurbach donner corps au parcours de «Biche», une danseuse qu’elle a connue jadis, et qui a résolu de rompre avec les schémas. Et pour tout ce qui ne s’énonce pas, à vos contremarques!
Go Go Go! du 12 au 14 janvier au Théâtre du Grütli
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