La reine a servi son pays jusqu’à son dernier souffle. Fidèle au serment qu’elle avait fait à l’âge de 21 ans: «consacrer ma vie, qu’elle soit longue ou courte, à votre service et au service de la grande famille impériale.» L’Empire sur lequel devait régner la jeune princesse n’existe plus. Mais son sens du devoir est resté aussi absolu qu’au premier jour. Lui donnant encore la force d’introniser, mardi à Balmoral, le quinzième premier ministre de son règne. Une reine au travail, dans les ultimes instants de son existence.
Sur les images de cette rencontre, les dernières de sa vie de souveraine, Elizabeth sourit, debout, au service de son invitée et de sa fonction. Stoïque, comme lors de ses dernières apparitions publiques cet été en Écosse. La reine a tenu parole, se consacrer à ses sujets jusqu’à sa mort.
Une vie et une fin dignes qu’elle laisse en héritage à sa famille et à un royaume de moins en moins uni, fragilisé par la crise sociale et le Brexit. Pendant quelques jours, jusqu’aux funérailles de la reine, le silence et la décence mettront en sourdine les divisions et les angoisses des Britanniques, désormais orphelins de celle qui était «l’esprit de la Grande-Bretagne», selon les mots de Liz Truss.
«Charles III n’a que quelques années pour prouver à ses sujets qu’il mérite leur respect.»
Il leur reste à en trouver un autre, dans ou hors de la monarchie. Leur dévotion pour Elizabeth était à la mesure du dévouement qui a guidé son existence. Charles III n’a que quelques années pour prouver à ses sujets qu’il mérite leur respect. Un défi pour un héritier qui a passé sa vie à attendre. Un prince dont le principal fait d’armes est d’avoir brisé son mariage et réussi son remariage. Un homme de conviction qui n’est plus supposé penser. Un roi écrasé par le règne exemplaire de sa mère et la popularité encombrante de son fils aîné.
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Éditorial sur Elizabeth II – Le sens du devoir
Jusqu’à son dernier jour, la reine a fait passer son rôle de reine avant sa vie personnelle. Un lourd héritage pour son fils Charles III.