Le romantisme revient sous les pas du Ballet
Deux chorégraphes créent «Vertige romantique» avec les danseurs du Grand Théâtre.

Andrew Skeels, basé à Montréal, et Natalia Horecna, active notamment en Allemagne et aux Pays-Bas, sont les auteurs des créations du programme «Vertige romantique», pour le Ballet du Grand Théâtre. Les représentations ont lieu jusqu'au 4 juillet sur la scène de l'Opéra des Nations. Chacun dans son genre revendique une liberté qui se marie bien avec le romantisme «imposé» par le directeur de la danse, Philippe Cohen. Pour Andrew Skeels, c'est la liberté de mêler les disciplines que sa grande curiosité lui a fait connaître. Le Canadien dit piocher allégrement dans le contact improvisation, les arts martiaux, la breakdance et le krump. En gardant toujours à l'esprit la nécessité de créer les spectacles les plus accessibles possible au public. «Fallen» ne déroge pas à la règle qu'il s'est imposée.
De son côté, Natalia Horecna, native de Slovaquie, longtemps danseuse dans deux prestigieuses compagnies néoclassiques européennes (chez Neumeier à Hambourg, chez Kylian à La Haye), prône aussi la liberté. La liberté d'être soi-même au-delà des rôles sociaux. Son credo est le «laisser être», illustré par le petit conte dansé qu'elle propose sous le titre de «Return to Nothingness».
Ces deux commandes de Philippe Cohen pour sa compagnie genevoise font la part belle à la musique. La musique romantique évidemment: Schumann et Tchaïkovski pour «Fallen», Schubert pour «Return to Nothingness». Quatre musiciens et une cantatrice sont là pour donner vie aux partitions de ces compositeurs. Plusieurs pièces pour piano (Serguey Koudriakov) et voix (Irina Shishkova) pour «Fallen». Le Trio en Mi-bémol Majeur No 2, Op. 100 pour la seconde chorégraphie. Koudriakov est alors rejoint par la violoniste belge Claire Dassesse et le violoncelliste genevois François Guye.
Ce sont eux qui interprètent le mouvement très attendu de ce Trio, dont Stanley Kubrick s'est servi en 1975 pour son film «Barry Lyndon». Un moment délicieux qui fait décoller la création de Natalia Horecna à des altitudes grisantes. Son histoire de roi prisonnier de son personnage, qui s'ennuie avant d'être libéré par l'amour, est le prétexte à un véritable petit ballet romantique de 2018. Retrouvailles donc avec un décor de toiles peintes représentant un château de conte de fées, devant lequel la troupe du Grand Théâtre se partage les rôles de courtisans, de villageois, d'apparitions fantastiques et de roi et reine.
La chorégaphie de Natalia Horacna est agile et brillante, narrative sans longueurs, même si le fil de l'histoire tient à peu de chose. Il y a du mouvement, ample et beau, qui témoigne d'une patte néoclassique libre et imaginative. Les costumes signés Christiane Achatzi sont amusants et plutôt élégants.
Chez Andrew Skeels, on est moins dans le livre d'images et plus dans le romantisme façon Caspar David Friedrich. Arbres décharnés, hommes et femmes en noir habillés pareil par Livia Stoianova et Yassen Samouilov, le tandem qu'on s'arrache sous le label On aura tout vu, met «Fallen» en ordre de bataille. Les danseurs forment des rangs animés symétriquement, dans la plus pure tradition du music-hall américain. Une liberté millimétrée qui retient l'attention sans faire chavirer l'âme. Un brin longuette, cette pièce aussi sérieuse qu'admirablement exécutée ne doit pas faire perdre de vue qu'après l'entracte, le spectacle passe à la couleur et à aux espiègleries.
Vertige romantique jusqu'au 4 juillet à l'Opéra des Nations, 022 322 50 50 et www.geneveopera.ch
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