Le «Ring», pierre angulaire pour le Grand Théâtre
La première des trois intégrales de la tétralogie de Wagner s'est achevée dimanche. Retour sur une production équilibrée, qui marquera les annales de la maison lyrique.

On n'oubliera pas de sitôt ce tableau final! Il a pris forme lentement, après plus de quinze heures de musique, durant lesquelles dieux et demi-dieux, héros, dragons et personnages de toutes sortes ont livré bataille pour s'emparer de l'anneau du Nibelung et être ainsi les dépositaires d'un pouvoir sans partage. En épilogue de ce récit épique, démesuré et tragique, donc, le plancher du Grand Théâtre s'est ouvert telle une immense bouche et a tout englouti, dans un mouvement de plateau inéluctable et prodigieux. Un monde sans paix, déserté par l'amour, déréglé par la chute des divinités et par l'avidité générale, a fini alors par disparaître dans les profonds dessous de scène, laissant au public la désolation d'un plateau vide et les notes douces-amères surgissant de la fosse.