Décès de Jean-Luc Godard (direct)Rolle pleure Godard, un «gentil ours»
Le réalisateur franco-suisse fait partie des cinéastes qui ont révolutionné le 7e art. Il est décédé ce mardi à l'âge de 91 ans. Suivez les réactions à travers le monde.
Le cinéaste Lionel Baier prenait régulièrement des nouvelles de JLG et savait qu’il n’était pas bien depuis quelques jours. Lire notre article.

D’«À bout de souffle», qui va définir l’icône de la modernité, jusqu’au manifeste «Adieu au langage», un œuvre qui traverse le septième art. Lire notre article.

Une première image du réalisateur, saisie par la voiture Google, semble avoir été supprimée. Il apparaît néanmoins encore dans les rues du Rolle. Lire notre article.

Lettré, mélomane, fou de peinture et théâtre, le Rollois aimait tous les arts au point de les fondre dans son expression première: le cinéma. Lire notre article.

Moments dignes d’un film, Godard a refusé sèchement d’ouvrir sa porte, même à sa comparse de la Nouvelle Vague, Agnès Varda, ou à l’Homme Bleu. Lire notre article.

Dans le monde entier Jean-Luc Godard était un monument du 7ème art, vénéré ou parfois honni, mais dans le village suisse de Rolle, les habitants se souviennent d’un voisin discret mais toujours gentil.
Le père de la Nouvelle Vague s’est éteint mardi à l’âge de 91 ans à son domicile, par suicide assisté.

«Je viens d’apprendre la nouvelle. Je suis brassée (secouée)», confie Sylvie Mezzena, une voisine du cinéaste, qui vivait depuis des décennies dans le bourg d’un peu plus de 6000 habitants blotti au bord du lac Léman.
Agnès Montavon, 62 ans, se tient devant la maison toute simple de l’auteur de «A bout de souffle» et se souvient comment cela «faisait battre le cœur» un peu plus vite à chaque fois qu’elle le rencontrait: «cela me touche beaucoup ce décès».
À quelques rues de là, devant la maison de l’épouse de Jean-Luc Godard, Anne-Marie Miéville, une camionnette noire est arrivée vers midi et plusieurs hommes sont entrés avec une civière. Anne-Marie Miéville, visiblement bouleversée, a refusé de parler aux journalistes qui ont commencé à se rassembler.
Dans le village, en revanche, ils étaient nombreux à accepter de partager leurs souvenirs du légendaire franc-tireur du cinéma.
«Gentil et généreux»
Il était bien connu à Rolle, où il faisait des promenades quotidiennes pour aller acheter ses journaux et où il fréquentait assidûment les cafés.
Christina Novais, qui est serveuse dans l’un des cafés les plus fréquenté par le cinéaste, se souvient: «Tous les matins, il prenait son petit ristretto avec de l’eau plate. Tous les matins. Des fois ça lui arrivait de venir deux fois dans la journée».
«Il était discret. Il était très gentil, quelqu’un de généreux», qui laissait beaucoup de pourboire. C’est dans les cafés, où ils aimaient tous les deux à travailler, que la chercheuse en sciences sociales de 50 ans croisait le plus souvent le cinéaste.
«Il était très, très humain, hyper gentil. Et ce qui était drôle, c’est qu’il disait très souvent bonjour aux chiens, il adorait les animaux», se souvient Sylvie Mezzena, avant d’ajouter: «Il était super choux et très grand bosseur». Il restait souvent assis jusqu’à tard le soir avec des collègues, discutant des costumes et du maquillage.
Les habitants de Rolle ont toujours été très protecteurs à son égard, refusant de dire aux journalistes qui furetaient dans la ville où trouver l’homme célèbre. Comme la plupart des gens de Rolle, Sylvie Mezzena décrit un Jean-Luc Godard «discret». «C’était vraiment un ours, mais un gentil ours», lance-t-elle affectueusement.
«Grand coeur»
Gino Siconolfi, un chauffeur de taxi qui a souvent eu Godard comme client au cours des 20 dernières années, acquiesce. «Il était un peu sauvage», confie le chauffeur de 57 ans, mais «c’est quelqu’un qui avait un grand cœur.»
Le taxi se souvient que son célèbre client pouvait parfois garder le silence pendant toute une course mais à d’autres moments «il me racontait toute sa vie». «Je l’ai conduit pendant 20 ans. Je le connaissais bien», dit Gino Siconolfi, qui a même joué dans son film en 3D de 2014 «Adieu au langage».
Ils «avaient besoin d’un chauffeur et d’une voiture, et m’ont demandé si je voulais être dans le film, et j’ai dit oui», même s’il reconnaît qu’il trouvait son cinéma «un peu spécial».
Les réactions ont fusé de toutes parts mardi à l’annonce de la mort de Jean-Luc Godard. Alain Berset déplore la disparition d’un des plus grands cinéastes de notre temps.
Jean-Luc Godard a reçu en 2015 le prix d’honneur du cinéma suisse. Qu’il n’est bien entendu pas venu chercher. «Par contre il a fait un film très touchant de trois à quatre minutes pour nous remercier», a dit le ministre de la culture.
«Depuis sa maison de Rolle, Jean-Luc Godard aura révolutionné le 7e art, réagit Nicolas Bideau, directeur de Présence Suisse, sur Twitter. Un des plus grands intellectuels du monde nous quitte, nos pensées à ses proches.»
«Godard, LE cinéma en lettres majuscule»
Pour le directeur de la Cinémathèque suisse, Frédéric Maire, «Godard, c’était LE cinéma, en lettres majuscules». «Ce qu’il y a de fascinant dans son oeuvre, c’est qu’il n’a jamais arrêté d’expérimenter», a-t-il déclaré mardi à Keystone-ATS.
Son dernier film «Adieu au langage» (2014) a reçu une Palme d’Or spéciale à Cannes, qu’il n’est pas allé chercher. «Malgré son âge, c’était la démonstration qu’il était toujours complètement dans le temps d’aujourd’hui. C’est un film qui réfléchit sur l’état du monde, sur la guerre, et qui donne un certain espoir à travers l’enfance.»
Une des dernières fois que l’on l’a vu Jean-Luc Godard, c’était en avril 2020 lors d’une discussion avec le cinéaste Lionel Baier, alors responsable du département Cinéma de l’ECAL. Leur échange avait été retransmis en direct sur Instagram pour une interview-fleuve de près d’une heure trente et suivie par plusieurs milliers de personnes.
Les réalisateurs du monde entier ont perdu quelqu’un qui a défini le langage avec lequel ils travaillent, a dit mardi le cinéaste Lionel Baier sur les ondes de la RTS. Il juge sa disparition comme «une perte inestimable».
Un observateur au-dessus de la mêlée
«C’est un peu comme si on avait perdu un observateur un peu au-dessus de la mêlée. On le disait coupé du monde, mais ce n’est pas vrai, il parlait aux gens de Rolle. Il s’intéressait à tout, il lisait le journal.»
Godard a participé à l’histoire des idées du 20e siècle. «Vous pouvez poser la question à des philosophes, à des peintres, à des chercheurs.» «Il aurait préféré d’ailleurs que l’on dise de lui qu’il était un chercheur, plutôt qu’un cinéaste. Pour lui, le cinéma était une langue et il fallait que des gens travaillent cette langue.»
Pour Paolo Moretti, qui vient de quitter la tête de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes pour reprendre la section Cinéma de l’ECAL à Lausanne, «Godard a joué un rôle central pour tout passionné du 7e art».
Pour ce programmateur de festival et cinéphile, «Godard – qu'il a découvert à 16 ou 17 ans – fait partie des premiers chocs esthétiques et politiques». Tous ses films sont devenus des classiques, d’une façon ou d'une autre.»
Hommages de Vaud et Lausanne
Le Conseil d’État vaudois s’est associé aux hommages. Le cinéaste de Rolle laisse «dans la région qui l’a vu grandir un souvenir aussi éclatant qu’empreint d’une admiration infinie». Il rappelle que la Fondation vaudoise pour la culture lui avait décerné son Grand Prix en 1989.
La capitale vaudoise relève pour sa part que le cinéaste a permis de placer le nom «Lausanne» à l’international grâce notamment à son court-métrage «Lettre à Freddy Buache».
Ce court-métrage, tourné en 1981, est certainement le film sur Lausanne le plus vu et célébré au monde». Le cinéaste franco-suisse y adresse une lettre audiovisuelle de 11 minutes à Freddy Buache, alors directeur de la Cinémathèque suisse.
Le film a été sélectionné en 1982 pour être présenté à Cannes dans la catégorie Un certain regard.
Féru de tennis, le cinéaste vaudois avait une vision du sport très singulière. Il l’avait décrite en profondeur dans un entretien à «L’Équipe» au début des années 2000. Lire notre article.


Ruth Waldburger, productrice de plusieurs films de Godard: «Jean-Luc Godard a fait l'histoire du cinéma. C'était un immense réalisateur, mais aussi un grand producteur. Il m'a appris le métier. C'était quelqu'un de très drôle, de très sympathique. J'ai tellement de souvenirs avec lui! Nous nous sommes encore vus il y a six mois, pour parler de la digitalisation de ses films. Et d'autres choses, mais cela reste entre lui et moi.» NRO
Le Conseil d’État vaudois s’est associé mardi aux hommages après l’annonce du décès de Jean-Luc Godard. Le cinéaste de Rolle laisse «dans la région qui l’a vu grandir un souvenir aussi éclatant qu’empreint d’une admiration infinie», écrit le gouvernement dans un communiqué.
Le canton de Vaud relève avoir soutenu à de nombreuses occasions, directement ou par l’intermédiaire de la Fondation Cinéforom, des projets portés par Jean-Luc Godard. Parmi les plus récents soutiens figurent un programme de numérisation de ses films ou encore la mise sur pied d’une exposition imaginée en collaboration avec le Festival Visions du Réel à Nyon.

Les autorités vaudoises saluent «une personnalité incontournable, prolifique et brillante, mais également impertinente.» Elles rappellent notamment que la Fondation vaudoise pour la culture lui avait décerné son Grand Prix en 1989.
«Le Conseil d’État tient à rendre hommage à Jean-Luc Godard pour tout ce qu’il a apporté au canton et à la culture, pour tout ce qu’il a apporté au cinéma du XXe siècle», poursuit le communiqué. ATS
Les souvenirs sont à plusieurs vitesses pour les réalisatrices vaudoises: «Notre seule rencontre avec Jean-Luc Godard se limite à l’apercevoir en 2010 dans le tea-room qu’il fréquentait à Rolle, ville où nous travaillions sur le mixage son de notre premier film «La petite chambre». Un homme au regard perçant, une personnalité qui marque, même dans une boulangerie!

Plus sérieusement, Jean-Luc Godard, c’est un formidable réinventeur du cinéma, l’exploration nouvelle du septième art, libre et dérangeante. À l’heure où nous sommes plus que jamais dépendants des streamers et de leurs logarithmes tyranniques, il est bon de se rappeler qu’un homme s’est permis une totale liberté d’expression artistique.» FMH

«Je suis bouleversé et depuis ce matin mais j'essaie de comprendre ce que je ressens mais aussi de conserver un esprit vigilant et critique car il n'aurait pas aimé qu'on parle de lui comme d'un réalisateur mythologique. Je l'ai rencontré une ou deux fois, mais je me rappelle la fois où, à Venise, il avait transformé une conférence de presse en une véritable masterclass sur le cinéma. C'était très juste dans le sens où il a toujours dit qu'il fallait vivre pour faire du cinéma et non l'inverse.
Je suis né en 1965 et dès que j'ai commencé à m'occuper de cinéma, Godard a toujours été une figure incontournable. Pour le cinéphile que j'étais, l'étudiant en cinéma et la personne qui essayait de comprendre comment le monde marchait, ou pas, il a toujours été une personnalité avec laquelle j'ai essayé d'instaurer un dialogue, même à distance.
Je suis vraiment très ému car il était un penseur du cinéma, un philosophe, un artiste de la trempe des artistes de la Renaissance, qui n'a pas seulement fait du cinéma. Il a changé les données du cinéma. D'ailleurs son travail est devenu encore plus important dès qu'il a quitté le cinéma industriel pour les expérimentations, son «beau souci», comme il disait.
Si je devais le résumer: c'est un cinéaste qui a toujours été dans le présent absolu sans jamais regarder en arrière si ce n'est pour améliorer ce qui pouvait l'être. Il a toujours travaillé pour l'humanité.» FMH
Le réalisateur franco-suisse Jean-Luc Godard a donné «une forme nouvelle» au cinéma: il a changé la façon de raconter des histoires, de les filmer, et le nom «Godard» est devenu «synonyme» de cinéma, estime Antoine de Baecque, spécialiste de la Nouvelle Vague, auteur d’une biographie du réalisateur.

Quelle place occupait Jean-Luc Godard dans l’histoire du cinéma?
«Il y a un avant et un après Godard. C’est le réalisateur qui a le plus transformé le cinéma. Dès «À bout de souffle» (1960), il explique qu’il veut changer le cinéma. La manière très réglée de faire des films dans les années 50 le révulsait. Il a voulu changer la façon dont on raconte les histoires, supprimant bon nombre de transitions ou inventant des scènes qui ne servent à rien. De même, il ne monte pas comme les autres, il ne tourne pas comme les autres. Il est absolument conscient d’être le fossoyeur du cinéma ancien et le révolutionnaire qui va lui donner une forme nouvelle. Le nom «Godard» est devenu synonyme du mot «cinéma» dans le monde entier».
Godardien est devenu un adjectif, quelle est sa signification?
«Il y a très peu de cinéastes qui peuvent donner leur nom à un adjectif. On reconnait un film de Godard en trois secondes: il a transformé le montage en supprimant toutes les transitions. Dans «À bout de souffle», il y a 116 faux raccords qui font passer d’un plan à un autre de façon brutale.

Godard saisit l’esprit du temps. Il est contemporain de toutes les époques qu’il a traversées et, en même temps, complètement critique. Il capte et il épingle. Quand il filme de jeunes maoïstes, il les filme presque comme des petits vieux».
Sa direction d’acteurs était-elle particulière?
«Godard déstabilisait les acteurs, il aimait les faire déjouer, y compris les grandes stars: Belmondo, Bardot, Delon, Depardieu…
Il s’affranchissait de ce qu’on pouvait attendre de la star. C’était aussi une façon de les humilier. Godard a beaucoup pratiqué ça. Avec Isabelle Adjani, Mireille Darc, Brigitte Bardot... Adjani a refusé de tourner avec Godard («Prénom Carmen») après avoir vu les premiers essais. Il aimait aussi beaucoup faire attendre Delon ou Depardieu. Le fait de donner à ses acteurs les dialogues la veille au soir faisait partie de cette déstabilisation. Godard faisait subir une sorte d’épreuve aux acteurs comme aux techniciens. Il faut que ça se passe mal pour que le film soit bien.»
Quelle a été la relation de Godard avec le public?
«Il l’a entièrement construite, dans les ruptures comme dans les séductions. Dans les années 60, c’est la plus grande star de la culture française et il a suscité presque une forme de dépendance d’un jeune public. On allait voir un Godard, c’était un passage obligé.
Dans sa carrière, il y a des périodes où il veut être au coeur du système, au centre d’une relation avec le public: les années 60 et le début des années 80, quand il revient au cinéma après plus de 10 ans de traversée du désert. Il choisit des producteurs en vue, il va à Cannes... Entre «Sauve qui peut (la vie)» (1980) et «Détective» (1985), plusieurs millions de spectateurs vont voir à nouveau ses films.

Il y a des moments, au contraire, où Godard casse sciemment sa relation au public. C’est très net autour de 68. Il s’isole, ses films militants sont faits contre le public. À nouveau, au milieu des années 80, il commence à ne plus vouloir raconter des histoires que le spectateur va comprendre.»
La mort du cinéma a-t-elle obsédé Godard?
«Il considère que le cinéma mourra définitivement avec lui. Pour Godard, la grande faute du cinéma est d’avoir démissionné devant la montée des périls, de s’être compromis avec le capitalisme (Hollywood), le nazisme, le fascisme.
À part quelques images documentaires, le cinéma n’a pas été présent là où il devait l’être, notamment à l’ouverture des camps de la mort. Il a perdu la force de témoigner de l’Histoire. Puisque le cinéma a été tellement fautif, il est condamné à mort».
Un membre de l'entourage de Jean-Luc Godard a confirmé à Keystone-ATS que le cinéaste a fait appel à une organisation d’assistance au suicide pour s’en aller, revenant sur l'information divulguée par le journal français «Libération».
«Le corps était fatigué. Il ne suivait plus», a expliqué ce proche du cinéaste franco-suisse. «Il ne pouvait plus vivre normalement en raison de diverses pathologies. Et je pense que pour un homme qui était aussi indépendant, aussi intègre, c’était une entrave majeure de ne pouvoir disposer de ses moyens physiques comme tout un chacun.»

Toujours selon la même source, l’annonce du décès aurait normalement dû intervenir ultérieurement. Mais elle a fuité dans la presse française. «Nous voulions nous donner 48 heures. Mais nous avons été pris de court et cela a été un peu désagréable. Nous voulions passer cette journée dans la sérénité.»
En Suisse, l’assistance au suicide est autorisée à des conditions strictes. Les organisations qui proposent ce service ne sont pas punissables tant qu’aucun «motif égoïste» ne peut leur être reproché. Le patient doit ingérer la substance mortelle lui-même et doit disposer de sa capacité de discernement. Tant Exit que Dignitas le conditionnent également à l’existence de pathologies, par exemple liées à l’âge.
Jean-Luc Godard maniait l’éloquence comme une arme de destruction massive. La preuve lors des innombrables conférences de presse données en festival. Lire notre article.


«C'est surtout en fan de son cinéma que je réagis et pas en connaisseur érudit. Avec le souvenir d'Expo 02, où nous avions pu l'inviter à réaliser un court-métrage pour l'Arteplage mobile du Jura dont je m'occupais alors.
Il avait traité du thème «Liberté et Patrie» sur fond de références au peintre Aimé Pache de Ramuz dans une réalisation fortement liée à la culture et au terroir du canton de Vaud.
Avant, nous étions allés dans son studio, il nous avait invité à le découvrir. J'étais très intimidé avec, en moi, e souvenir de ses films que je découvrais alors que j'étais étudiant à l'Université à Zurich, tous les jeudis soirs au ciné-club.
C'était très inspirant, à travers sa production, on pouvait voir des jeunes d'une autre époque, des jeunes non-conformistes, prêts à briser les structures culturelles et à entrer en résistance esthétique. J'ai beaucoup appris des films de Godard, en plus de sortir de chaque projection avec une petite flamme dans les yeux.» FMH

Pour Paolo Moretti, qui vient de quitter la tête de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes pour reprendre la section Cinéma de l’ECAL à Lausanne, «Godard a joué un rôle central pour tout passionné de cinéma».
Pour ce programmateur de festival et cinéphile, «Godard – qu’il a découvert à 16 ou 17 ans – fait partie des premiers chocs esthétiques et politiques», a-t-il dit à Keystone-ATS. Tous ses films sont devenus des ‹classiques, d’une façon ou d’une autre.»
«Dans une école de cinéma, nous exposons les étudiants à un maximum de possibilités: cela passe évidemment par Godard, qui a créé la modernité au cinéma, en faisant des choses que l’on disait impossibles.» ATS
Dans un communiqué la Ville et la Municipalité de Lausanne se disent très émues par la disparition du cinéaste et rappelle un épisode de leur histoire commune: «La «Lettre à Freddy Buache » de Jean-Luc Godard est certainement le film sur Lausanne le plu vu et célébré au monde. Tourné en 1981, ce court-métrage est une commande du Conseil communal pour renouveler l’image de la capitale vaudoise et renforcer son rayonnement. Le cinéaste y adresse une lettre audiovisuelle de 11 minutes à Freddy Buache, alors directeur de la Cinémathèque suisse. Le film sera sélectionné en 1982 pour être présenté à Cannes dans la catégorie «Un certain regard». FMH

Le comédien genevois Christian Gregori a joué dans «Adieu au langage» de Jean-Luc Godard. Au bout du fil, il confie: «J'ai le souvenir d'un homme drôle, espiègle et chaleureux. On avait une passion commune: le football. Sur le plateau, on parlait du match de la veille. Mais pendant le tournage, il était très précis, concentré. Il ne fallait pas le déranger, il regardait par terre, créait le film dans son esprit. Puis il relevait la tête et nous parlait. Il n'était pas avare de compliments. C'était un homme délicieux!» NRO

«Rolle était très fière que Jean-Luc Godard, cet immense cinéaste que je considère comme un génie, ait choisi de s'installer chez nous. Je le croisais parfois dans la Grand-Rue. Il avait ses habitudes dans un café. Mais il y avait un grand respect de la part de tous envers lui. Nous ne le dérangions pas. Il devait certainement apprécier cette paix très suisse.
La Municipalité abordera la question d'un éventuel hommage à lui rendre lors de notre prochaine séance. Nous pourrions par exemple donner son nom à une rue ou une allée.» REB
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