Réchauffement climatiqueLe rapport-choc du GIEC n’ébranle pas le Conseil fédéral
Il maintient son but de zéro émission nette de gaz à effet de serre en 2050, sans interdit, en guise de contre-projet à l’initiative pour les glaciers.

Il est midi, ce mercredi à Berne. Une intervention policière discrète se déroule devant le Palais fédéral. Dans l’après-midi, Extinction Rebellion Suisse en communique la raison: la médecin généraliste vaudoise Sonja Hediger a placardé des pages du rapport du GIEC sur le Palais fédéral à Berne, pour rappeler l’urgence climatique au Conseil fédéral.
Mais le gouvernement ne s’est pas laissé bousculer par cette action ni par les conclusions-chocs des experts mondiaux sur le climat publiées lundi. En prenant position sur l’initiative pour les glaciers, il a maintenu sa ligne et son calendrier. Il vise une réduction à zéro net des émissions de gaz à effet de serre en 2050, comme les initiants. Cet objectif avait surpris quand le Conseil fédéral l’avait fixé pour la première fois en 2020. Mais au regard du rapport du GIEC, il paraît désormais dépassé.
Tout en précisant que la question de l’accélération de la lutte contre le réchauffement sera abordée lors de la conférence sur le climat de Glasgow, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga souligne: «Le Conseil fédéral a pris connaissance de ce nouveau rapport tout à fait inquiétant qui montre que le réchauffement est plus rapide. Il faut aller vite, on est sous pression. Mais nous avons aussi fait de bonnes expériences en Suisse en y allant pas à pas.»
Pas encore de mesures concrètes
Et comment arriver à la décarbonisation? Contrairement à l’initiative pour les glaciers, Berne estime qu’interdire les énergies fossiles – le pétrole, le gaz, etc. – serait exagéré et qu’il faut miser sur le progrès, notamment les technologies de captage du CO2, qu’elles soient installées ici ou ailleurs.

Les mesures concrètes, elles, viendront plus tard, dans un projet de loi auquel le département de Simonetta Sommaruga s’est attelé suite au rejet de la loi sur le CO₂ le 13 juin dernier.
«Aujourd’hui, il ne s’agissait pas de définir des mesures concrètes mais des buts politiques.»
«Le Conseil fédéral doit fixer de nouveaux objectifs de réduction du CO2 et les mesures correspondantes. Mon département travaille à des propositions. Mais aujourd’hui, il ne s’agissait pas de définir des mesures concrètes mais des buts politiques», explique Simonetta Sommaruga.
Tenir compte des régions rurales
Le Conseil fédéral a donc saisi l’occasion de ce contre-projet direct à l’initiative pour les glaciers pour inscrire des principes dans la Constitution. Un retient l’attention et semble faire de l’œil aux opposants à la loi sur le CO₂: «la politique climatique de la Suisse devra tenir compte de la situation des régions de montagne et périphériques».
Et les régions urbaines? N’ont-elles pas aussi leurs défis climatiques propres? «En ce moment, on voit davantage les effets du changement climatique dans les régions rurales. Mais c’est vrai que les défis sont aussi importants dans les villes, notamment en matière architecturale, répond Simonetta Sommaruga. Dans ce paragraphe, nous souhaitons reconnaître que dans certains domaines, par exemple les transports publics, certaines régions font face à de plus grands défis.»
Coprésidente de l’Association suisse pour la protection du climat, qui a lancé l’initiative pour les glaciers, Myriam Roth sourit: «Je pense que Mme Sommaruga a bien remarqué ce qui s’est passé lors des dernières votations: le grand «paquet» de la loi CO₂ n’était pas favorable. Le résultat du vote nous a aussi donné un coup. La protection du climat est trop souvent vue comme une privation de libertés alors qu’il s’agit de notre avenir.»
«Il faut tirer un trait sur les énergies fossiles»
La Biennoise n’a donc pas été surprise par la tournure du contre-projet direct. «Il y a des choses qui nous font plaisir. Dans les dispositions transitoires par exemple, le Conseil fédéral prévoit une réduction linéaire des émissions de gaz à effet de serre. Et cela a survécu à la consultation. Maintenant, on ne peut pas imaginer atteindre un zéro net en 2050 sans tirer un trait sur les énergies fossiles.»
Le contre-projet direct du gouvernement est maintenant sur la table du parlement fédéral. Les Verts, le Parti socialiste et les Vert’libéraux ont communiqué mercredi leur insatisfaction et leur volonté d’aller plus vite pour la protection du climat.
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