Lutte contre les discriminations«Le racisme sur le lieu de travail est le plus fréquent mais le moins visible»
Le syndicat Syna et l’Université populaire africaine s’allient. Une permanence spécifique a été créée.

Dans la perspective de la Semaine de lutte contre le racisme qui se déroulera du 19 au 27 mars, le syndicat Syna et l’Université populaire africaine (UPAF) annoncent avoir conclu un partenariat. Objectif: faire émerger au grand jour les discriminations de type raciste qui sont pratiquées dans le cadre professionnel. «Le racisme sur le lieu de travail est le plus fréquent, mais le moins visible», assure Kanyana Mutombo, directeur général de l’UPAF.
Afin de libérer la parole et de rassurer les personnes qui se sentent victimes d’actes racistes, Syna a créé une permanence spécifique. Elle est ouverte chaque lundi, de 14 heures à 18 heures. Komla kpogli, secrétaire syndical, affirme que les personnes d’origine africaine se plaignent souvent de discriminations, et que les faits concernent de multiples situations: depuis le recrutement par les entreprises jusqu’aux cas de licenciements, en passant par les blagues racistes, «juste pour rigoler», devant la machine à café.
«Nous sommes opposés au déboulonnage des statues ou bustes de personnalités racistes comme Carl Vogt à Genève ou David de Pury à Neuchâtel. Ce qu’il faut, c’est contextualiser ce qu’ils ont pu écrire ou faire.»
Lacune de confiance
«Le problème, c’est que les personnes d’origine africaine sont invisibilisées dans le mouvement syndical, poursuit le secrétaire syndical. Cela est notamment dû au fait qu’ils ont du mal à se rendre dans un syndicat car dans leurs pays d’origine le syndicalisme est souvent fortement réprimé. Nous devons par conséquent parvenir à les rassurer.»
Il peut aussi arriver que des gens ressentent comme racistes des faits qui ne le sont pas, nuance Komla kpogli: «Nous serons là pour en parler, les orienter et les informer, si nécessaire, de leurs droits. Car les outils existent.» «Il est important pour nous d’unir nos efforts à ceux des acteurs de terrain afin de faire émerger cette réalité», enchaîne le directeur de l’UPAF.
Pétition déposée
Ce partenariat inédit entre un syndicat et une organisation qui offre notamment des cours de sensibilisation au racisme a déjà débouché sur du concret. Le 22 mars, une pétition munie de 1300 signatures sera remise au Conseil municipal de la Ville de Genève. Elle demande la création d’un mémorial pour les victimes de l’esclavage et du colonialisme.
«Nous sommes opposés au déboulonnage des statues ou bustes de personnalités racistes comme Carl Vogt à Genève ou David de Pury à Neuchâtel, précise Kanyana Mutombo. Ce qu’il faut, c’est contextualiser ce qu’ils ont pu écrire ou faire. Et quoi de mieux pour ouvrir ce dialogue qu’un mémorial rendant hommage aux victimes de cette époque.»
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