Irpin et Boutcha. Depuis ce week-end, les noms de ces deux banlieues de Kiev sont synonymes de crimes de guerre. Dans les quartiers d’où les forces russes se sont retirées, des cadavres de civils jonchent les rues. Certains d’entre eux, les mains liées derrière le dos, ont reçu une balle dans la nuque. Des scènes d’horreur encore accentuées par la découverte de fosses communes. De quoi soulever un tollé en Europe et aux États-Unis notamment.
Moscou peut bien crier à la «falsification vidéo» et démentir toute exaction de ses troupes, ces images ne font que confirmer ce que nous suspections déjà: l’armée russe cible les civils. On l’a vu à Marioupol, ville portuaire assiégée et pilonnée, où une maternité et un hôpital pédiatrique ont été frappés, sans parler du théâtre où se réfugiaient nombre de familles. On l’a vu à Kharkiv, deuxième métropole d’Ukraine, où des quartiers résidentiels sont sous les bombes. On l’a vu, à vrai dire, un peu partout.
La Cour pénale internationale enquête depuis le 3 mars sur des allégations de crimes de guerre. L’Union européenne, de son côté, met sur pied «une équipe d’enquête conjointe avec l’Ukraine pour recueillir des preuves et enquêter sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité». Cette seconde catégorie est importante: elle concerne des violations du droit international humanitaire qui ne sont pas le fait de quelques soldats dévoyés, mais résultent d’attaques généralisées et systématiques contre les populations civiles. Des attaques que la hiérarchie militaire a ordonnées ou laissé faire.
Plusieurs premiers ministres européens y voient même un génocide, c’est-à-dire la volonté de détruire tout ou partie d’un peuple. C’est plus difficile à démontrer. Mais ce qui est sûr, c’est que le procès de Vladimir Poutine se prépare. Telle sera sa place dans l’histoire.
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Éditorial – Le procès de Poutine peut commencer
Les horreurs découvertes dans les banlieues de Kiev nourrissent le dossier déjà lourd qui pèse sur le leader russe.