Le premier salon des pierres précieuses gagne son pari
La première édition de GemGenève bat son plein. Ce milieu d'habitude très fermé se cherchait une vitrine et l'a trouvée.
Chaque vitrine renferme des dizaines de millions de francs en diamants et pierres précieuses, juste taillés ou montés en bagues, pendentifs et parures, et pourtant tous les stands, d'un étage seulement et de taille comparable dégagent une modestie dont on avait perdu l'habitude dans les grands salons internationaux.
La première édition de GemGenève, inaugurée mercredi soir par le conseiller d'État Pierre Maudet, et qui court jusqu'à dimanche, s'annonce sous les meilleurs auspices. Bijoutiers, joailliers, designers, négociants, grossistes et clients affichent un bonheur manifeste à se retrouver entre soi. «Nous avons 147 exposants, et, avant même que les portes se soient ouvertes, alors que nous n'avions encore rien fait ni montré, nous avions déjà une quarantaine d'exposants sur liste d'attente pour l'année prochaine, observe Thomas Faerber, l'un des deux organisateurs de la manifestation. En fait, ce n'est pas normal. Et cela prouve qu'il y avait un vide, un manque ressenti par tout le monde dans les grands rendez-vous où nous ne trouvions plus notre compte».
Structure à taille humaine
Baselworld est visé, mais pas seulement. Directeur de la filiale suisse de Crown Color, un grossiste en pierres précieuses, M. Pfister confirme: «A Bâle, nous étions relégués en halle 3, à des prix exorbitants». De grandes foires cornaquées par des professionnels, mais «qui n'écoutaient plus les besoins des exposants», ajoute Thomas Faerber.
D'où cette nécessité de se retrouver entre soi, dans une structure à taille humaine. Pour trouver de nouveaux clients, et non plus seulement les habités des traditionnelles rencontres. Élargir la palette, et mieux se vendre en termes d'image et de communication, ce qui est un peu contraire à l'ADN de ce milieu très caché.
Le marché est énorme: des dizaines de milliards de francs de diamants sont importés en Suisse chaque année. Mais les chiffres sont rares. Impossible d'estimer le volume du commerce des pierres précieuses, les «big three», à savoir le rubis, le saphir et l'émeraude. «Contrairement aux mines de diamants, tenues par de grands groupes, avec de grandes mines, les pierres précieuses sont extraites par une infinité de petites structures, de mineurs parfois seuls». Leur taille se fait aujourd'hui à Bogota, Bangkok, Colombo, pour des questions de prix. Il y a longtemps que l'Allemagne n'est plus compétitive, pas plus que Hongkong, où les salaires deviennent aussi trop élevés. «Elles sont en quantité limitées sur a planète, et la demande a fortement augmenté, surtout depuis que la Chine est arrivée sur le marché, explique un négociant qui désire garder l'anonymat. Leur prix a quadruplé en dix ans».
Résultat, les créateurs se replient sur les pierres fines, ou semi-précieuses comme l'améthyste, l'opale, l'ambre, le jade ou l'aigue-marine. «C'est une évolution très nette en ce début de XXIe siècle, avec la montée de l'individualisme et la mission identificatrice du bijou, qui opère un peu comme un talisman, à l'image du tatouage, explique Vivienne Becker, historienne spécialiste de la joaillerie. On est loin des bijoux qui évoquent la royauté, l'aristocrate, et la domination des classes supérieures, comme ce fut le cas jusque dans les années soixante».
Dont acte, GemGenève accueille les jeunes créateurs et designers issus de la Haute École d'art et de design, dont les travaux sont exposés à égalité de traitement avec des professionnels plus aguerris, et les contrastes sont plaisants à l'œil. Des locations modestes pour les stands permettent également à des indépendants de s'afficher, explique Grégoire Maret, de «Pierre d'Alexis» (voir encadré): «Je n'aurais pas pu payer ailleurs, et en plus la visibilité ici, dans un salon monothématique, est inespérée».
GemGenève, à Palexpo, jusqu'au 13 mai. Entrée 50 fr.
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