Le photographe des peuples opprimés dédie un ouvrage à la place des Nations
Immortaliser toutes celles et ceux qui luttent pour leurs droits et la liberté: tel est l'inlassable défi de Demir Sönmez.

«C'est une place symbolique pour les peuples opprimés du monde entier. Il n'y aucun autre site comparable. Pas même à New York», considère Demir Sönmez (57 ans), en évoquant la place des Nations. Un endroit si essentiel pour ce photographe suisse d'origine kurdo-arménienne qu'il vient de lui dédier «Place des Nations, place des Peuples. L'honneur de Genève.» Un très bel ouvrage, publié chez Slatkine, qui se décline comme une riche compilation des images prises par cet homme chaleureux. Et déterminé. Vous aurez ainsi sans doute croisé ce militant de tous les instants, sa casquette vissée à l'envers et son précieux Nikon autour du cou, lors d'une manifestation genevoise.
«Racine de l'espérance»
C'est bien simple, le professionnel est de tous les combats devant le siège des Nations Unies. Avec chaque fois le même objectif dans son viseur: immortaliser toutes celles et ceux qui luttent pour leurs droits et la liberté. Cela passe par des manifestations contre le travail des enfants, des marches pour les Tamouls ou les Tibétains, le soutien au peuple grec face à l'austérité imposée par l'Union européenne, mais aussi le rejet de la censure en Ukraine ou de la peine de mort dans le monde, sans oublier des actions de solidarité avec le peuple palestinien et les homosexuels en Russie…
«Mes photos montrent des personnes venant des quatre coins du monde, réunies par centaines, voire par milliers; avec parfois des enfants, des jeunes et des aînés qui bravent les intempéries, commente Demir Sönmez. J'ai essayé de capter leurs expressions: leurs espoirs, leurs attentes, leurs sourires, malgré souvent la gravité de la situation. Mais aussi leurs colères.» Jean Ziegler est séduit. «Chacune des manifestations saisies par Demir a une même racine: l'espérance», vante le sociologue, dans la préface du livre.
Outre son désir de rendre inlassablement hommage aux défenseurs des droits humains, ce photographe indépendant, qui travaille pour divers médias et tient un blog dans la Tribune de Genève, s'illustre également par son incroyable parcours.
Pression turque
Né en 1960 à Erzurum, dans le Kurdistan turc, Demir Sönmez ne connaît pas sa date précise de naissance. «Bloqué par la neige durant 6 à 8 mois, notre village a été privé de connexions.»
Puis, la tuberculose, contractée dès son plus jeune âge, l'éloigne de ses parents, de ses 5 frères et de sa sœur: «Ma grand-mère m'a emmené à Ankara pour me faire soigner.» Etudiant engagé, il subit les foudres du pouvoir et, dit-il, se retrouve même plusieurs fois au trou. «Ici à Genève, ville internationale par excellence, on peut manifester sans problème», apprécie le quinquagénaire à l'œil malicieux. L'an dernier, la partie a toutefois failli mal tourner lors d'une exposition organisée sur la place des Nations par Demir Sönmez. L'une de ses images mettant en cause le régime turc, avait fortement déplu aux autorités d'Ankara: celle d'une banderole révélant la mort de Berkin Elvan, adolescent tué par la police sur la place Taksim à Istanbul. Le régime avait alors fait pression sur la Ville de Genève pour qu'elle soit retirée. En vain, se félicite son auteur: «Le conseiller fédéral Didier Burkhalter a profité de l'occasion pour donner une leçon sur la liberté d'expression à la Turquie et aux autres pays peu friands de démocratie. Rien que pour cet exemple, mon travail est réussi!»
Vernissage ce mercredi à 18 heures au Café Slatkine, 5, rue des Chaudronniers
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