L’idée d’un passeport sanitaire, permettant aux vaccinés du Covid de prendre l’avion ou d’aller au restaurant, fait son chemin. Elle progresse même si vite qu’il s’agit probablement d’une bataille perdue. Cela n’empêche pas de s’y opposer.
Première hypothèse: la vaccination avançant à pas de pangolin malade, on crée un passeport sans attendre que toutes les personnes souhaitant un vaccin aient pu le recevoir. Une telle idée aurait de lourdes conséquences.
«La population jeune et active sera condamnée à attendre des mois.»
Depuis un an, toute la société se confine, se prive, prend ses distances. Toute, même les jeunes en pleine santé, pour qui le risque de mourir du Covid s’avère infinitésimal. Par leurs efforts, ils protègent les seniors et les plus fragiles. Cette belle solidarité intergénérationnelle a sauvé de nombreuses vies, fût-ce au détriment de l’économie.
Peut-on imaginer que des personnes ayant bénéficié de cette solidarité se ruent au restaurant avec leur passeport vaccinal, laissant sur le pas de la porte la population jeune et active, condamnée à attendre un vaccin pendant des mois? La cohésion des générations volerait en éclats.
Deuxième hypothèse: on attend que tout le monde ait pu se faire vacciner. Ce serait à peine mieux. Car exiger la preuve d’une piqûre pour mener une vie normale revient à rendre le vaccin obligatoire sans le dire, de manière totalement hypocrite.
Si le vaccin protège efficacement, ceux qui l’ont reçu ne devront pas craindre de se retrouver près de personnes non vaccinées. On pourra donc rouvrir les activités à toute la population, sans passeport. Si le vaccin ne protège que partiellement, un passeport vaccinal donnera un faux sentiment de sécurité. Dans les deux cas, le bénéfice attendu restera limité. Il ne justifie pas qu’on jette par-dessus bord la solidarité entre générations et l’égalité de tous.
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L’éditorial – Le passeport vaccinal, non merci
L’idée d’un certificat permettant de reprendre une vie normale progresse. Mais elle risque de mettre à mal la solidarité entre les générations.