Dans le deuxième canton le plus dense de Suisse, après Bâle, le logement a toujours été un point de crispation. Hier, on ne construisait pas assez. Désormais, certains se plaignent qu’on bétonne. Un verbe moins politiquement correct que «densifier». Et voilà que le taux de vacance de logement est au plus bas: 0,37%! Du jamais-vu depuis 2013. Alors que près de 3500 logements sont sortis de terre l’an dernier. Là aussi, un record.
Bien sûr, tout le monde souhaiterait, comme Alphonse Allais, «construire les villes à la campagne, car l’air y est plus pur». La vérité, c’est que pour que Genève reste vivable, il faudrait ralentir sa croissance économique, la rendre moins attractive fiscalement. Car aujourd’hui, le canton manque de bras et de cerveau (150’000 postes de plus que la population active, chômeurs compris) s’il veut nourrir sa croissance qui fait par ailleurs tourner l’État, la consommation, etc. Ce n’est pas un logement bâti qui fait un frontalier de moins, comme l’avance le conseiller d’État Antonio Hodgers. C’est un poste de travail de moins. En fait, Genève importe des travailleurs et exporte ses besoins en logement en France voisine.
Or, si l’idée d’une maîtrise de la croissance fait son chemin chez les élus, rares sont ceux qui en expriment la nécessité. Ultime paradoxe, c’est dans le Grand Genève qu’on commence à prendre conscience des risques d’une urbanisation à outrance. Car dans cet espace, il reste encore des campagnes où construire des villes.
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Éditorial – Le paradoxe de la vacance
Le taux de logements inoccupés est au plus bas alors qu’on n’a jamais autant construit. Un paradoxe qui en cache un autre: un canton attractif qui a peu d’espace.