Quelle satisfaction d’attribuer le palmarès des méchants, notamment dans cette période où le monde est bousculé par le pire: l’agression russe de l’Ukraine avec génocide (enquête en cours) et violations systématiques des Conventions de Genève (manifestes). Et notamment par le fait que le palmarès des méchants peut être attribué au principal ennemi de la place financière suisse: les États-Unis.
Cette occasion vient d’être livrée par le dernier Rapport de l’organisation privée dénommée «Tax Justice Network». Ce type de classification colle bien avec la nécessité de scoops simplistes dans le brouhaha médiatique quotidien. Mais ce rapport se fonde sur une activité de recherches fouillées menées pendant des années, prenant en considération toute une série de paramètres.
Le double jeu de l’Administration fiscale des États-Unis est bien connu depuis des années: ils ont joué un rôle promoteur dans toutes les organisations internationales, à commencer par l’OCDE et au G20, dans la lutte contre l’évasion fiscale, réactivée il y a quelques années sous le drapeau de la «Global War Against Fiscal Evasion».
Les premiers rapports de la sous-commission du Sénat USA concernant les paradis fiscaux remontent aux années 60’. C’était la même époque où avait été déclenchée toute une vague de pressions par le State Attorney Office de Wall Street contre la place financière suisse. Bataille dont on se rappelle bien la déflagration qui culmine par la menace, en 2008, de la procédure pénale contre UBS. Cette menace aura en définitive coûté quelques milliards à une cinquantaine de banques suisses, mais aussi la perte d’une portion importante du marché de gestion des avoirs offshore.
Grâce à la force du dollar, le gouvernement américain a réussi son coup: obtenir de tous les pays du monde les renseignements concernant les avoirs des contribuables étatsuniens sans aucune contrepartie. Le prix le plus lourd de cette opération est payé par le système anti-blanchiment mondial, parce que tous les malfrats du monde savent que les États-Unis détiennent leur palmarès non seulement du paradis fiscal, mais aussi de l’opacité utilisée pour des buts de blanchiment d’argent.
Que la Suisse continue de figurer dans le peloton de tête n’étonne plus personne parce que les fabricants laborieux de sociétés boîte-aux-lettres utilisées par centaines de milliers auprès des banques suisses peuvent continuer leurs prestations professionnelles. Ceci est dû au fait que la majorité du Parlement a torpillé le projet du GAFI et du Conseil fédéral destiné à les soumettre aux devoirs prévus par la législation anti-blanchiment et non plus seulement à la punissabilité prévue par le Code Pénal (art. 305bis).
Depuis toujours on n‘est pas seul à devoir faire le ménage imposé par le GAFI: l’Union européenne demeure encore passive à l’égard de ses paradis fiscaux comme Malte, Chypre, et les Principautés limitrophes (Monaco, Vaduz). Mais ce qui étonne est sa connivence avec le fisc des Pays Bas, lui aussi a juste titre dans le collimateur de Tax Justice Network, parce qu’il encaisse 2,2 milliards de dollars permettant aux entreprises étatsuniennes d’épargner 10 milliards qui auraient dû être payés aux pays industrialisés de l’UE.
L’OCDE, de son côté, demeure toujours passive à l’égard des 21 Free Trade Zones de la dictature génocidaire chinoise, où non seulement le fisc, mais aussi la douane ferment les yeux sur des commerces de toute nature. Un exemple qui a fait école pour tous les pays ayant une tradition offshore, à commencer par les Emirats arabes, qui aujourd’hui accueillent généreusement les méga-yachts ainsi que les milliards des oligarques russes.
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Regard Eco – Le palmarès des méchants