Droits LGBTQI+ en SuisseLe National veut interdire les mesures de conversion
Certains cantons se sont déjà opposés aux thérapies de conversion, mais une législation uniforme au niveau fédéral est en cours d’élaboration.

Les thérapies de conversion doivent être interdites. Le National a adopté lundi, par 143 voix contre 37, une motion à cet effet. Le Conseil des États doit encore se prononcer.
Ces mesures visant à modifier ou à refouler l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre d’une personne se fondent sur les idées que l’homosexualité et la transidentité sont des maladies que des thérapies peuvent soigner. «Elles ne sont pas à soigner», a déclaré Vincent Maitre (Centre/GE) pour la commission. Sa corapportrice Patricia von Falkenstein (PLD/BS) a pointé «la grande détresse, les séquelles psychologiques, voire les tendances suicidaires» qui découlent de ces mesures.
M. Maitre a toutefois rappelé un certain nombre de cautèles telles que les mesures de réattribution sexuelle prise sur indication médicale et les thérapies relatives à des préférences sexuelles pertinentes en matière de droit pénal.
Par ailleurs, plusieurs parlements cantonaux – vaudois, genevois, neuchâtelois ou encore bernois – ont approuvé ces derniers mois des motions en faveur d’une telle interdiction. Mme von Falkenstein a plaidé en faveur d’une législation uniforme au niveau fédéral, «pour éviter un patchwork administratif».
Le Conseil fédéral rejette toute thérapie ayant pour but de modifier une orientation homosexuelle, a, elle, pointé la ministre de justice et police Karin Keller-Sutter. Mais un rapport est actuellement en cours, notamment pour examiner la question de la compétence de la Confédération pour légiférer en la matière. Il convient dès lors d’attendre les conclusions de ce document, selon la ministre.
«Mystère»
Pour sa part, Yves Nidegger (UDC/GE) a dénoncé «un catéchisme scolaire de la fluidité du genre» et a parlé «d’idées à la mode». «Au lieu de dire que ce sont des questions liées à l’adolescence, on dit que c’est lié à la question des genres.»
Le Genevois a aussi invoqué un «mystère» autour de ces thérapies. «On ne sait même pas si elles existent.» Il a été entendu seulement par une partie de l’UDC et quelques élus du PLR et du Centre. D’autres membres de ces deux derniers partis se sont abstenus.
Dès les années 1970
Les thérapies de conversion ont émergé à la fin des années 1970 aux Etats-Unis, avant d’arriver en Europe dans les années 2000. Elles se présentent sous diverses formes, parfois accompagnées de menaces et violences physiques.
Deux affaires ont particulièrement fait parler d’elles ces dernières années. Un médecin homéopathe pratiquant dans les cantons de Genève et de Vaud proposait de «guérir de l’homosexualité», tandis qu’un psychiatre dispensait de telles «thérapies» à Schwyz.
ATS
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