Programmation dévoiléeLe Montreux Jazz s’affiche avec Bob Dylan et Lil Nas X
L’édition 2023, la dernière avant de quitter le Centre de congrès, se dévoile: des très vieux et des très jeunes, de Gayle, 18 ans, à Buddy Guy, 86 ans. Billetterie ouverte jeudi 6 avril à 12h.

Les jeux sont faits, le Montreux Jazz annonce la couleur de sa dernière édition à se dérouler dans son habituel Centre de congrès, avant un déménagement forcé mais non encore spécifié pour cause de travaux. Avec cette 57e cuvée, le plus vénérable des festivals de musique du canton démontre qu’il a encore les articulations souples et réalise un grand écart assumé entre artistes légendaires cumulant les lustres et jeunes icônes au brillant pop.

L’image pour cristalliser cette polarisation de la programmation? La venue au Stravinski, à trois jours d’intervalle, de Bob Dylan, barde mythique de l’épopée de la contre-culture américaine – bientôt 82 ans – et de Lil Nas X, rappeur et danseur affichant avec flamboyance son homosexualité en héraut LGBTQ assumé – bientôt 24 ans. L’épaisseur des parcours n’est pas la même, mais, en 2023, l’un comme l’autre vont générer de l’excitation pour des publics bien différenciés en termes générationnels et en spécificité subversive…
Ainsi va le Montreux Jazz, citant avec autant d’ardeur l’histoire ancienne et l’actualité la plus brûlante, deux penchants plus ou moins nettement répartis entre les salles du festival. Au Lab, la folle jeunesse de la pop, du hip-hop, de l’electro, du R’n’B et d’une pincée de rock.
Un temple du jeunisme où les plus de 40 ans peineront à discerner des noms connus – à l’exception de Christine And The Queens, Juliette Armanet, voire Mark Ronson – mais où les aficionados concernés acclameront la présence d’Ava Max, de Rema, de Zola (pas l’écrivain naturaliste, le rappeur) ou de Gayle, égérie pop-punk des préados qui viennent de découvrir ce que signifie «faire des doigts».
Les amateurs de rock un peu sec et méchant voient par contre leur territoire se réduire au strict minimum avec la soirée réunissant Idles et Wet Leg, pendant que les amateurs d’electro se rabattront sur les vendredis soir du Lab avec notamment The Blaze.
Malgré la présence du Zim ou de Buddy Guy – qui frôlera en juillet les 87 ans –, il serait pourtant faux de présenter le Stravinski comme un musée d’archéologie musicale.
Outre Lil Nas X, la jeunesse est attendue sur le pont amiral pour Jon Batiste, figure R’n’B aussi remuante que «princière», mise doublée ce soir-là avec encore Jacob Collier, pianiste pop et jazzy champion du métissage stylistique et du divertissement. Deux musiciens qui cumulent à eux seuls 10 Grammies (5 chacun), soit plus que ceux de Lionel Richie et Nile Rodgers (4 chacun), vétérans (74 et 70 ans) plus représentatifs des troupes d’un Stravinski exigeant en termes d’années vécues sur cette planète de sang, de larmes et de champagne.
Ajoutons tout de même Sam Smith, Sofiane Pamart, Maluma et éventuellement Norah Jones aux intrus de l’armée vintage qui règne dans la salle boisée de Montreux où il vaut mieux se présenter en sexagénaire pour décrocher sa scène. L’occasion de vérifier si la chevelure du chanteur de Simply Red est toujours rousse, de se réjouir d’un Chris Isaak trop rare, de compter les rides des vieillards impénitents du rock – Iggy Pop et Billy Idol –, de dire adieu à Gilberto Gil ou à Mavis Staples, de féliciter Seal pour ses 60 ans atteints en février.
Et de souhaiter que Pat Metheny et Marcus Miller ne s’adonnent pas avec trop de fougue à un jazz de jeune! Les articulations, tout dans les articulations… Et tout le monde dans les starting-blocks: la billetterie ouvre jeudi 6 avril à 12h.
Montreux Jazz Festival
Du ve 30 juin au di 15 juillet
Billetterie ouverte dès le je 6 avril (12h)
www.montreuxjazzfestival.com
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