Urbanisme«Le mirage du flambant neuf est un piège»
Le conseiller d’État socialiste Thierry Apothéloz souhaite mieux prévoir l’arrivée des habitants afin d’améliorer la gestion de l’espace public.

«J’observe que beaucoup de nouveaux quartiers émergent dans le canton, déclare le patron de la Cohésion sociale, Thierry Apothéloz. Et l’anticipation des problèmes sociaux n’est de loin pas toujours suffisante. Le mirage du flambant neuf est un piège, parce qu’il enferme dans l’idée du confort basé sur le paraître.» Les Vergers, Praille Acacias Vernets, Grands Esserts, Cherpines, La Chappelle-Les Sciers, Communaux d’Ambilly… les grands ensembles poussent comme des petits pains et le conseiller d’État socialiste souhaite mieux prévoir l’arrivée des habitants afin d’améliorer la gestion de l’espace public et de mieux structurer le quartier.
Comme à l’Étang, une coordinatrice a ainsi été désignée à l’Adret (Pont-Rouge), un poste financé par le Canton pour une période de deux ans. «Une association des fondations propriétaires a aussi été créée avant l’arrivée des premiers habitants, ajoute Yann Boggio, secrétaire général de la Fondation genevoise pour l’animation socioculturelle (FASe). Nous avons appuyé cette initiative destinée à accompagner le démarrage du quartier.» Les autorités envisagent également de doter le quartier Belle-Terre (Communaux d’Ambilly) d’un facilitateur.
«Il faut accompagner la densification par du lien social; il s’agit d’abord d’offrir un accueil aux résidents, puis de les motiver à s’engager pour développer le bien-vivre dans le quartier, explique Yann Boggio. Que les habitants ne restent pas tous cloisonnés dans leur appartement; tout le monde a un intérêt à résider dans un lieu animé et sécurisant. Ceux qui s’impliquent prennent une part de responsabilité sur le développement de leur lieu d’habitation. Personne n’a envie de vivre dans une cité-dortoir.» À La Chapelle-Les Sciers (4000 habitants), en deux mois d’investissements, deux animateurs expérimentés ont repéré plusieurs associations, collectifs et personnes prêtes à s’engager.
Y aura-t-il bientôt des coordinateurs dans tous les nouveaux quartiers? «Pas forcément, répond le patron de la Cohésion sociale. Cela dépend des lieux et de l’implication de la Commune, des propriétaires et des régies.» Mais il rappelle des expériences malheureuses où l’on a dû réagir dans l’urgence: «Des interventions correctives qui coûtent plus cher que l’anticipation des problèmes. Quand les gens se sentent abandonnés, les réactions peuvent être très violentes.» Sans susciter de la violence, un quartier comme Cressy ressemble trop à une cité-dortoir et a longtemps souffert de l’absence d’animation dans l’espace public.
Le quartier populaire des Auréas, face à la piscine de Carouge, a connu des débuts compliqués par manque d’anticipation, souligne le fer de lance de la FASe. «Cette situation s’est améliorée grâce notamment à la création d’un poste de travailleur social hors mur, financé par la fondation propriétaire. Le financement de ce poste (100’000 fr. environ) est absolument indispensable pour la cohésion des lieux. Les habitants et les régies ont tout intérêt à ce qu’un quartier fonctionne bien. Et cela passe par le retour de figures humaines repères dans le quartier.»
Yann Boggio souligne enfin que le phénomène démographique est également un bon indicateur pour prendre des mesures: «Une vague adolescente est facilement prévisible dans un quartier et doit être accompagnée. C’est le cas actuellement au Pommier, au Grand-Saconnex.»
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