La journée internationale du souvenir de la Shoah, fixée au 27 janvier – le jour de la libération d’Auschwitz, le plus grand camp de concentration et d’extermination, en 1945 – a cette année un écho particulier. Il reste peu de survivants capables de transmettre ce que furent le projet génocidaire des nazis et ses six millions de victimes juives. Comme si la mémoire de la plus grande tragédie européenne se diluait, perdait du sens, se banalisait.
La bêtise n’est pas le seul moteur de cette banalisation. Car l’holocauste, c’est la solution finale mise en œuvre par les idéologues antisémites nazis. Et l’antisémitisme, lui, ne s’est pas éteint avec eux. À Genève, les actes antisémites relevés par la Cicad ont augmenté l’an dernier.
Outre le négationnisme, la concurrence victimaire qui justifie chez Dieudonné la haine du juif, l’antisémitisme de l’islam radical et d’une partie de la gauche européenne, la banalisation de la Shoah se double d’une distorsion historique. À Varsovie, le gouvernement affirme que tous les Polonais devraient être déclarés «Justes», ceux qui ont sauvé des juifs durant la Deuxième Guerre mondiale. À Paris, un candidat à la présidentielle ose affirmer que Pétain a sauvé des juifs, alors que le vieux maréchal a durci de sa main le texte sur le statut des juifs.
Si la vérité historique ne nous apprend rien et si l’antisémitisme ne devait être que la seule préoccupation des juifs, c’est l’humanité tout entière qui se perdrait, aveugle et sans mémoire.
Rédacteur en chef adjoint depuis 2017, chef de la rubrique Monde entre 2011 et 2017. Prix Varennes. Auteur de «Chercher et enquêter avec internet» aux Presses universitaires de Grenoble.
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L’éditorial – Le mal de la Shoah n’est pas banal
La Cicad a diffusé des films à Genève pour la journée internationale du souvenir de la Shoah et contre sa banalisation.