Aide au suicideLe Grand Conseil valaisan entre en matière
Le Grand Conseil valaisan a accepté lundi d’entrer en matière sur la loi d’accompagnement en fin de vie.

Le débat a été animé au sein du Grand Conseil: la gauche et le PLR ont soutenu le texte, les autres partis étaient partagés entre son soutien, son renvoi au Conseil d’Etat et une non entrée en matière.
«La liberté individuelle et l’égalité de traitement ne sont pas garanties dans certains établissements de l’Etat. C’est pour cette raison que nous devons légiférer», a répété le président de la Commission de la santé, des affaires sociales et de l’intégration (SAI) Beat Eggel (PDC).
Actuellement, l’assistance au suicide n’est pas possible dans tous les EMS en Valais. Les directions et les conseils de fondation des institutions sont libres de l’accepter ou non.
77 oui, 46 non
«La question ici n’est pas de savoir si l’on est pour ou contre l’assistance au suicide, mais de garantir une égalité de traitement tant en matière de soins palliatifs que d’aide au suicide», a abondé la conseillère d’Etat Esther Waeber-Kalbermatten. Elle a rappelé que les malades en phase terminale sont déjà autorisés à recourir au suicide assisté à domicile. Les députés ont soutenu le texte par 77 oui, 46 non et 1 abstention.
C’est la troisième fois, après 2019 et 2020, que le Grand conseil se penche sur la question et «de larges consultations ont déjà été menées à plusieurs reprises», selon la ministre de la santé. Le projet de loi proposé compte huit articles: dignité humaine et liberté personnelle, champ d’application, soins palliatifs, soins palliatifs en institution, conditions de l’assistance au suicide assisté, vérification des conditions, limites.
Le Grand Conseil se penchera en détail sur ce texte jeudi matin.
Appel au «non-jugement»
Les Verts, l’Alliance de Gauche, le PLR et une partie du PDC ont soutenu l’entrée en matière. «Une personne qui réfléchit à la manière dont sa mort peut se passer est une personne vivante. Elle dispose donc de droits et nécessite respect, écoute, sollicitude et non jugement dans l’exercice de son autonomie pour faire valoir son choix», a souligné le député Vert Jean-Daniel Melly.
L’aide au suicide serait seulement ouverte aux adultes capables de discernement et qui souffriraient, de manière grave et incurable, d’une maladie ou des séquelles d’un accident. Les personnes souhaitant s’en aller devraient également avoir refusé explicitement les soins palliatifs ou toute autre prise en charge thérapeutique. Enfin, elles ne devraient plus disposer de logement en dehors de leur dernière demeure ou seraient en impossibilité de s’y rendre.
«Pas sérieux»
«Ce qu’on nous présente n’est pas sérieux», a asséné l’UDC, dénonçant «l’amateurisme» d’un texte «bâclé» qui ne comprend «que huit articles n’ayant eu aucune analyse approfondie». Une partie de la famille C (PDC du haut et du bas) a aussi regretté qu’une plus large consultation n’ait pas été menée.
Le projet de cette loi d’accompagnement en fin de vie est né d’une motion urgente, déposée par la famille C en mars 2020, alors que le Grand Conseil débattait de la loi sur la santé. Pour éviter de torpiller cette dernière, la question de l’aide au suicide en avait été sortie.
Les opposants au texte ont d’ores et déjà annoncé de nombreux amendements. Quant à la commission de la santé, elle a émis, le souhait de soumettre obligatoirement cette loi à la population valaisanne afin de permettre une discussion plus large.
ATS
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