Droits humainsLe documentaire, un atout pour les ONG
Les films indépendants peuvent aider à promouvoir les droits humains. Des organisations non gouvernementales font ce constat à l’issue d’une table ronde.

Des adolescents qui fuient leur pays en guerre et qui, coûte que coûte, veulent rejoindre l’Europe. Sur le chemin, ils ne rencontrent que des épreuves, dont des violences policières. Ces jeunes gens sont les protagonistes de «Shadow game» (Jeu d’ombre), un documentaire des journalistes Eefje Blankevoort et Els van Driel primé lors du Festival international du film sur les droits humains (FIFDH) de 2021 à Genève.
«Nous sommes habitués à plaider auprès des autorités avec du vocabulaire technique. Le film, lui, est plus accessible au grand public.»
Les organisations non gouvernementales (ONG) recourent souvent aux projections de films de cinéastes indépendants, comme ceux de «Shadow game». Ce procédé vaut parfois mieux que de longs rapports pour défendre publiquement les droits humains. C’est ce qui ressort d’une table ronde qui s’est tenue récemment à Genève avec les représentants de 27 organisations de la société civile. L’événement avait lieu dans le cadre des «Impact Days» du FIFDH, qui se concluront les 7 et 8 mars prochains.
«Plus accessible»
«Nous sommes habitués à plaider auprès des autorités avec du vocabulaire technique. Le film, lui, est plus accessible au grand public», indique Marie Salphati, la représentante de la Fédération internationale des actions des chrétiens pour l’abolition de la torture (FIACAT) auprès des Nations Unies.
En décembre, la FIACAT avait d’ailleurs mis sur pied, à Bruxelles et à Rome, une projection de «Shadow game». Le documentaire fait partie d’un projet multimédia, avec un jeu, une série web et des photographies. Un atout pour intéresser les jeunes. Ces séances ont réuni une centaine de personnes – pas davantage, en raison du Covid.
Lieux d’accueil
Les ONG accueillent également des cinéastes pour documenter leur travail. Gérée par Caritas, la Maison des migrants à Gao au Mali est un lieu de répit pour les migrants et les migrantes, dont des adolescentes, qui bravent les dangers naturels et humains du Sahara. Le réalisateur malien Ousmane Samassékou s’est plongé dans leur quotidien pour en tirer «Le dernier refuge», sorti en 2021.
Caritas entend projeter ce documentaire au Mali et au Burkina Faso. «C’est un banc d’essai», explique Fabrice Boulé, chef de la communication romande de Caritas. L’ONG cherche notamment à encourager la diffusion du film pour «sécuriser la migration». Autre exemple: des places sont dévolues aux journalistes ou producteurs de vidéos sur le bateau de sauvetage de SOS Méditerranée, l’Ocean Viking.
Don militant
Ces documentaires ne sont pas des commandes des ONG elles-mêmes, qui n’en ont pas les moyens financiers. À la place, elles proposent à leurs auteurs des partenariats pour les diffuser, sans forcément de rétributions pécuniaires.
Les cinéastes y trouvent leur compte car c’est un coup de pouce à leur travail. «Les détenteurs des droits sont dans une démarche militante. Ils sont heureux de donner accès gratuitement à leurs films», note Stéphane Decrey, responsable de la mobilisation citoyenne de SOS Méditerranée.
Marie Salphati abonde: «Cela va dans les deux sens. On les aide pour leur donner des moyens de diffuser leur production à l’étranger, ils nous procurent en retour des moyens de communication.» Un jeu gagnant-gagnant donc. Et un instrument supplémentaire bienvenu dans cette tâche titanesque que représente la défense des droits humains.
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