À quoi bon parler du WEF, si rien ne s’y décide et s’il permet aux dirigeants de laver leur bonne conscience? Ce reproche colle à la peau de Davos. Mais il est éculé. Du reste, il n’a jamais été question de gouverner le monde mais de l’influencer par des échanges entre des gens qui sont loin de partager les mêmes idées. À témoin l’immense délégation des ONG en tout genre qui parcourt le Forum ou les rues de la station des Grisons.
Certes, Davos a parfois été la caricature d’une mondialisation insouciante. Mais depuis que les États ne parviennent plus à se parler dans les enceintes onusiennes, le WEF sert avant tout de caisse de résonance aux soubresauts d’un monde désuni et sans boussole. Il pointe les grands enjeux. Et cette année, c’est le dilemme de l’Europe. Le Vieux-Continent démocratique comprend qu’il doit sortir de dépendances toxiques (hydrocarbures russes) et trouver les ressources naturelles qui lui manquent pour affirmer sa souveraineté énergétique et économique.
L’enjeu est considérable et le calendrier très serré. Après avoir longtemps ignoré la position de plus en plus dominante de la Chine dans les technologies vertes, les États-Unis n’ont-ils relevé le gant, avec une puissance financière et industrielle que n’a pas encore réunie l’Europe? Et n’est-il pas déraisonnable de tout miser sur l’aide américaine?
L’Afrique pourrait devenir une alliée naturelle si l’Europe parvient à contrecarrer les offensives chinoises et russes. C’est le message de la présidence de la Commission européenne qui pense, à juste titre, que les vieilles démocraties peuvent offrir au jeune continent, promis à une croissance rapide, un autre choix qu’une soumission aux autocrates sans scrupule. À ce titre, le WEF sert d’amplificateur à des questions qui paraissent très abstraites mais qui ne le sont pas.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Éditorial – Le dilemme européen annoncé à Davos
Le Vieux-Continent doit de toute urgence sortir de ses dépendances toxiques. L’Afrique pourrait devenir son alliée naturelle.