Cartes et infographiesLes deux premières semaines de l’invasion russe en Ukraine
Les événements s’enchaînent dans le conflit entre Kiev et Moscou. Nos cartes et graphiques donnent un aperçu des développements importants.
Pour consulter les derniers développements, consultez le liveticker mis à jour par la rédaction online.
La plus grande centrale nucléaire d’Europe, située à Zaporijia, dans le sud de l’Ukraine, a été saisie par la Russie. Les troupes russes continuent de progresser depuis la Crimée en direction de l’ouest, cherchant vraisemblablement à atteindre Odessa.
La ville portuaire de Marioupol est entièrement encerclée et les russes cherchent à la contraindre à capituler
Sur le front est, l’armée russe continue ses tentatives infructueuses d’encerclement de la ville de Kharkiv et de la capitale ukrainienne, Kiev. Elle fait face à une résistance déterminée des forces ukrainiennes. La Russie va essayer soit d’envelopper, soit de contourner Kharkiv dans les prochains jours, selon l’armée ukrainienne.
Au nord, les troupes russes ont ouvert une nouvelle ligne de front depuis la Biélorussie et direction de l’ouest de Kiev.
— Mathieu Rudaz
Dès le deuxième jour de l’offensive, le 25 février, le gouvernement ukrainien a encouragé les habitants à lancer des cocktails Molotov sur les forces russes, malgré les dangers encourus. La page Wikipédia ukrainienne consacrée à l’arme incendiaire artisanale a enregistré un pic de fréquentation le même jour. Dans la foulée, une hausse des consultations s’est produite dans d’autres langues, notamment la version francophone indiquée ici à titre de comparaison.
Dans les tendances de recherches Google en Ukraine, le maximum s’observe un jour plus tard, le 26 février. Google ne divulgue pas le nombre de recherches mais publie un indice allant de 0 (minimum) à 100 (maximum de recherches durant la période observée).
Note: cette entrée a été complétée le 7 mars.
— Paul Ronga
Presque tous les pays d’Europe ont annoncé apporter une aide humanitaire à l’Ukraine. L’Allemagne a décidé d’envoyer du matériel militaire offensif, alors que sa doctrine consistait, depuis la seconde guerre mondiale, à ne pas livrer d’armes létales dans les zones de conflit.
La Suède et la Finlande rompent également avec leur doctrine de neutralité en annonçant l’envoi de matériel militaire offensif: fusils d‘assaut, lance-roquettes et munitions.
— Paul Ronga
Plus d’un million de personnes ont déjà fui l’Ukraine suite à l’invasion russe. Les estimations de l’UNHCR s’élevaient jeudi après-midi à 1’045’459 personnes qui cherchaient refuge dans les pays voisins. Tous les pays voisins ont gardé leurs frontières ouvertes pour les réfugiés fuyant l’Ukraine.
Environ 100'000 personnes arrivent désormais chaque jour en Pologne. Des kilomètres de files d’attente se sont formées à la frontière du côté ukrainien. Les femmes et les enfants sont autorisés à passer pratiquement sans contrôle. Les personnes qui ont traversé la frontière ont déclaré avoir attendu jusqu’à 60 heures, alors que les températures sont glaciales, avant de pouvoir traverser.
Des milliers de personnes ont par ailleurs été déplacées à l’intérieur de l’Ukraine, sans qu’il soit possible d’estimer leur nombre. À ce rythme, la situation pourrait devenir la plus grande crise de réfugiés du siècle en Europe, estime le HCR. Avant la guerre, la population ukrainienne s’élevait à 44 millions de personnes.
En Suisse, plus de 6600 familles se sont inscrites pour héberger des réfugiés auprès de l’association Campax, mettant plus de 15’900 lits à disposition. Mercredi, le Secrétariat d'État aux migrations (SEM) a annoncé que 150 Ukrainiens seulement avaient demandé l'asile en Suisse depuis le début de la guerre, mais que ce nombre était en augmentation et qu'il était possible que certains aient déjà trouvé un logement chez des particuliers.
— Fanny Giroud, Titus Plattner
Depuis le début de leur invasion de l’Ukraine, le 24 février, les forces russes se sont emparées de territoires dans le Sud et l'est du pays. Elles peinent toutefois à s’emparer des grandes villes et de la capitale, Kiev. Aujourd’hui, elles semblent augmenter l’intensité des attaques contre les infrastructures civiles dans le pays. Mais des problèmes d’appui logistique diminuent les capacités des forces russes.
L'invasion et la poussée vers Kiev ont commencé le 24 février par des frappes aériennes au petit matin dans le but de neutraliser l’aviation ukrainienne. Puis les forces russes ont commencé leur assaut terrestre à partir de la frontière biélorusse. Au cours de cette première journée de combat, les troupes entrées par le Nord-ouest, parvenant à prendre le contrôle de la zone autour de l'ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl.
Les forces russes se sont rapprochées de la capitale à la fin de la journée, mais ont été confrontées aux forces ukrainiennes. La ville de Tchernihiv, qui se trouve sur la route de Kiev, a elle aussi résisté. Le deuxième jour, les troupes ont contourné la ville et se sont dirigées vers le Sud.
Le 25 février, les troupes ukrainiennes se sont retirées de l'aéroport d'Hostomel, qui a été capturé par les troupes russes. Les forces ukrainiennes semblent toutefois avoir détruit la piste de l'aéroport, la rendant inutilisable, selon l'Institute for the Study of War, un groupe d’analystes basé à Washington.
Les jours suivants, la Russie a bombardé Kiev et les troupes ont commencé à pénétrer dans la ville par le Nord-ouest. Mais les forces ukrainiennes semblent avoir détruit les ponts menants à Kiev, afin de ralentir des troupes russes.

Le 1er mars, les Russes avaient déployé de l'artillerie lourde et davantage de forces dans la zone située au nord-ouest de Kiev, prélude probable aux intenses bombardements qui pourraient bientôt s'abattre sur la capitale. Un long convoi de forces russes a été vu au Nord de la ville. Selon l'Institute for the Study of War, le convoi pourrait contribuer aux assauts directs sur la ville depuis le Nord-ouest, mais il est plus probable qu'il soutienne les efforts visant à encercler la ville, en particulier depuis l'Ouest.
Toujours le 1er mars, sur la rive Est du fleuve, des véhicules russes se seraient déplacés vers l’Est en direction de Bobrovytsia, selon l'institut, peut-être pour rejoindre les forces près de Nizhyn, à 150 kilomètres au Nord-Ouest de Kiev.
Plusieurs sources rapportent toutefois des difficultés d’appui logistique des forces russes, notamment en carburant et parfois même en munitions. Ces difficultés semblent pénaliser leurs avancées.
— Mathieu Rudaz, Titus Plattner

Des images satellites de l’entreprise américaine Maxar montrent un convoi militaire russe de plus de 65 kilomètres de long se dirigeant vers la capitale. Les chars se dirigent vers le sud sur des routes de la campagne ukrainienne. Sur certaines images, on distingue la fumée de bâtiments en feu.
L’armée russe a indiqué qu’elle allait viser les infrastructures des services de sécurité ukrainiens. Elle a appelé les civils se trouvant à proximité à quitter leur domicile. Dans Kiev, des combats font rage et les habitants se préparent à des jours plus difficiles encore.

— Fanny Giroud, Yannick Widget
La Russie est la puissance qui dispose du plus grand nombre d’ogives nucléaires au monde, selon les estimations de l’Institut de recherche international pour la paix de Stockholm (Sipri). Elle possèdait 6255 ogives nucléaires en 2021, tandis que les Etats-Unis en avaient 5550.
Seule une partie des ogives nucléaires sont opérationnelles, c’est-à-dire qu’elles sont placées sur des missiles ou situées sur des bases avec des forces opérationnelles. Les Etats-Unis en auraient 1800, et la Russie 1625.
Les autres Etats disposant de l’arme nucléaire ont des stocks bien plus modestes. Au total, neuf pays possèdent environ 13’080 armes nucléaires.
— Fanny Giroud, Titus Plattner
Après avoir longtemps tergiversé, le Conseil fédéral a finalement décidé de mettre reprendre les sanctions de l’Union européenne. S’il a agi plus lentement que ses voisins, le mauvais élève, pour une fois, est à chercher ailleurs: au 28 février, le Royaume-Uni ne sanctionne que 22 personnes physiques ou morales en raison de la guerre en Ukraine.
Une journaliste ukrainienne, spécialisée dans la dénonciation de la corruption, a vivement critiqué l’inaction britannique face aux oligarques russes. «Roman Abramovitch n’est pas sous le coup de sanctions. Il est à Londres. Ses enfants ne sont pas sous les bombardements; ses enfants sont à Londres», a-t-elle dénoncé sous le regard pétrifié du premier ministre britannique Boris Johnson, en visite en Pologne.
—Titus Plattner
La situation dans la capitale est sous contrôle selon les autorités ukrainiennes. L’offensive russe a ralenti durant le week-end. Malgré quelques incursions dans la ville de Kiev, l’armée d’occupation n’a que peu progressé. Elle rencontre également une importante résistance au centre et aux abords de Kharkiv, la deuxième ville du pays. L’Ukraine affirme avoir repris son contrôle après l’incursion de chars russes dimanche.
Dans le Sud, l’armée russe continue d’avancer et encercle Marioupol, ville portuaire et industrielle.
Plus d’un demi-million d’Ukrainiens ont fui le pays, estime l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). Le dernier bilan de lundi 28 février au soir faisait état de près de 520’000 réfugiés. Les chiffres proviennent des autorités nationales en charge de l’enregistrement, de l’accueil et de l’hébergement de ces personnes dans les pays voisins de l’Ukraine.
Ces chiffres ne tiennent pas compte de la Crimée annexée par la Russie, des zones sous contrôle séparatiste ou de la Russie. L’ONU s’attend à ce que 4 millions de personnes fuient l’Ukraine ces prochaines semaines.
Depuis la mobilisation générale, seuls les femmes et les enfants sont autorisés à quitter le territoire, ainsi que les hommes de plus de 60 ans.
Un peu plus d’un jour après le début de l’offensive contre l’Ukraine, les troupes russes peuvent déjà revendiquer des gains territoriaux. C’est ce que montre la Live Universal Awareness Map, un site d’information indépendant qui alimente sa carte du conflit à partir de différentes sources : autorités officielles ukrainiennes et russes, informations locales, reporters sur place, etc.
L’attaque de la Russie provoque de fortes turbulences sur les marchés. Les indices de référence du monde entier ont nettement baissé aujourd’hui. Mais c’est le marché boursier russe qui a été le plus durement touché. L’indice RTS, qui regroupe les plus grandes entreprises cotées en Russie, a perdu plus d’un tiers de sa valeur. Il en va de même pour le MOEX, le deuxième indice de la bourse russe.
Vendredi, les blindés se sont rapprochés de la capitale par l’Est et par le nord. Des bouchons se sont formés sur les axes routiers pour quitter la ville au sud et à l’ouest.
L’armée russe a commencé à bombarder des quartiers civils de Kiev dans la nuit de jeudi à vendredi. Les stations de métro ont servi de refuge à de nombreux civils cherchant à s’abriter. Des combats ont lieu dans le quartier d’Obolon, dans le nord de Kiev. Le ministère ukrainien de la Défense a indiqué qu’un commando de reconnaissance russe menait des opérations de sabotage au cœur de la ville.
L’armée russe est entrée sur le territoire ukrainien par plusieurs points stratégiques. Au Nord, les forces russes sont passées par la Biélorussie. À l’Est, elles sont entrées en Ukraine par les territoires séparatistes de Donetsk et de Lougansk, dans le Donbass. Les forces russes ont également traversé les frontières près des villes de Soumy et de Kharkiv. Au Sud, les troupes russes sont passées par la Crimée, annexée en 2014.
Près de 40% du gaz naturel en Europe provient de Russie. La Suisse et l’Allemagne lui ont acheté près de la moitié de leur gaz naturel en 2020. D’autres pays en sont également fortement dépendants pour chauffer des millions de foyers, produire de l’électricité et faire fonctionner des usines, selon les données de l’Agence de coopération des régulateurs de l’énergie de l’UE.
Un danger de panne menace l’Europe à court terme, car la Russie exporte son gaz à travers un réseau de gazoducs qui traverse l’Ukraine et le conflit pourrait interrompre ce flux de gaz destiné à l’Europe et à la Suisse.
L’armée ukrainienne est un poids plume face à l’armée russe. C’est ce que montre le dernier rapport de l’International Institute for Strategic Studies (IISS), qui évalue les capacités militaires des pays du monde entier. Selon ce rapport, la Russie dispose d’un budget de défense quinze fois supérieur à celui de l’Ukraine. Elle dispose par exemple de près de cinq fois plus de soldats.
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