AllemagneLe débat sur les dépenses militaires ravivé
Donald Trump a relancé le sujet sensible de l'armement en Allemagne alors que les législatives se profilent dans le pays.

L'Allemagne doit-elle augmenter fortement ses dépenses militaires? Le président américain Donald Trump a ravivé le débat en pleine campagne électorale, où conservateurs d'Angela Merkel et sociaux-démocrates portés par les sondages s'affrontent sur un sujet sensible depuis 1945.
Donald Trump et son équipe viennent à plusieurs reprises de reprocher aux pays alliés de l'OTAN de ne pas contribuer suffisamment aux dépenses de l'alliance militaire, que les Etats-Unis assurent à hauteur de 70%.
«Le président des Etats-Unis et le peuple américain souhaitent que nos alliés respectent leur parole et fassent davantage pour notre défense commune», a dit lundi le vice-président Mike Pence, et il «s'attend à des progrès réels d'ici la fin de 2017». Dans la ligne de mire de Washington en particulier: l'Allemagne, un des pays les plus riches de l'OTAN, qui de surcroît affiche des excédents budgétaires.
Tant les conservateurs que les sociaux-démocrates du SPD en Allemagne sont d'accord pour respecter l'objectif, que se sont fixés en 2014 les pays de l'OTAN: une augmentation des dépenses militaires à 2% du PIB d'ici à 2024. Elles sont à 1,2% en Allemagne aujourd'hui.
Opinion pacifiste
Mais le débat fait rage sur la rapidité de l'effort. Le social-démocrate Sigmar Gabriel, ministre des affaires étrangères, refuse que son pays se précipite. Cela coûterait à l'Allemagne entre 25 et 30 milliards d'euros par an, a-t-il calculé.
«Même en période électorale, il faut rester réaliste», a jugé jeudi M. Gabriel, dénonçant aussi «une course à l'armement» qui ne rime pas forcément, selon lui, avec plus de sécurité. Un argument porteur auprès d'une opinion traditionnellement pacifiste dans l'Allemagne d'après-guerre après les horreurs nazies.
Mais pour les conservateurs l'Allemagne doit dorénavant faire face à ses obligations militaires, notamment pour des missions à l'étranger, et s'en donner les moyens. Le gouvernement a déjà annoncé une augmentation record des effectifs de l'armée allemande, qui passera à 200'000 hommes d'ici 2024. C'est une première depuis la fin de la guerre froide.
Alliances militaires
«L'époque, où le monde était en paix et où l'on réduisait notre armée, est révolue», a lancé à ses détracteurs la ministre allemande de la défense, Ursula Von der Leyen. Elle évoque la menace de l'Etat islamique ou la situation dans l'est de l'Ukraine.
Première puissance économique européenne, mais longtemps dépeinte en «nain politique» traumatisé par la seconde guerre mondiale, l'Allemagne se perçoit comme un acteur militaire de plus en plus important, mais toujours à deux conditions: rester une armée sous mandat du Parlement et agir dans le cadre d'alliances militaires, comme elle le fait au Mali avec l'ONU, en Syrie en appui de la coalition internationale ou en Afghanistan avec l'OTAN.
Le candidat du SPD à la chancellerie, Martin Schulz, s'est montré jusqu'ici discret sur ce dossier. Mais l'offensive sociale-démocrate sur les dépenses militaires entre clairement dans le cadre du virage à gauche du parti, qu'il a impulsé en vue des élections législatives de septembre et qui met l'accent entre autres sur une hausse des dépenses sociales.
Voie du milieu
Ce tournant réussit jusqu'ici bien au SPD. Un nouveau sondage publié vendredi pour la chaîne de télévision ARD, le troisième du genre, donne le parti devant celui de la chancelière Angela Merkel en intentions de vote, à 32% contre 31%.
«Certes, les constructions de jardins d'enfants sont plus populaires, mais notre armée doit grandir», rétorque le quotidien de centre-droit Frankfurter Allgemeine Zeitung. La chancelière tente, elle, de jouer les arbitres dans ce débat, fidèle à sa «voie du milieu». Devant la presse qui lui demandait jeudi si elle comptait utiliser l'excédent budgétaire allemand de 2016 - 24 milliards d'euros, un record - pour tenir la promesse faite à Washington d'augmenter son budget militaire, Angela Merkel a réitéré l'engagement de 2%.
Mais elle a ajouté que cette cagnotte devrait aussi servir à autre chose. «Vous parlez du budget de la défense. Parlons du budget de l'aide au développement», a-t-elle dit.
ats
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