Encre bleueLe cœur de Genève

Mon œil m’a dit que le cœur de Genève battait à la place du Bourg-de-Four. Je n’ai pas voulu le contredire. Mais, dans le doute, je suis allée vérifier sur place s’il disait vrai ou pas.
«Mon œil», c’est mon informateur favori! Un homme, curieux de tout, qui passe le plus clair de son temps à humer l’air du temps et à regarder le spectacle de la vie. Et il en voit des choses!
C’est lui qui m’a régulièrement fourni des sujets pour alimenter l’Encre bleue ces dernières années. Je n’allais donc pas le contrarier aujourd’hui!
Le Bourg-de-Four, donc.
C’est bien là que bat le cœur d’une certaine Genève. Le pouvoir judiciaire siège à deux pas de là, le pouvoir politique à un jet de pierre. La religion n’est pas en reste, avec la flèche et les tours de la cathédrale montant la garde par-dessus les toits. Quant au pouvoir économique, il est présent partout Il a vu assez juste, mon œil.
Or, ce qui le chagrine actuellement, c’est que l’horloge au-dessus de La Clémence ne fonctionne plus. De battre, son cœur s’est arrêté Les aiguilles indiquent imperturbablement 3 h 20. Et c’est ballot, quand on pense que nous sommes dans la cité des horlogers!
Il fut un temps, au XIXe siècle, où le cadran principal de cette horloge donnait l’heure de Genève, ce qui était bien utile. Ses deux autres cadrans signalaient l’heure de Berne (avec une différence de 5 minutes et 6 secondes) et l’heure de Paris (une différence de 15 minutes et 16 secondes). Maintenant, l’horloge ne compte plus rien du tout. Le temps s’est arrêté au Bourg-de-Four. Comment le cœur de Genève pourrait alors y battre, sans le moindre pouls?
N’en déplaise à mon œil, ce cœur bat où chacun d’entre nous le veut. Pour moi, il serait plutôt au milieu de la rade. Sur une jetée de la rive droite, où l’on sent la ville présente alentour, mais apaisée, et où l’on respire l’air du large. D’ailleurs une horloge y donne toujours l’heure de Genève...
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