Salle centrale MadeleineLe coronavirus ne résiste pas à l’humour Confiture
Nouveau spectacle de la compagnie genevoise, «Le cabaret médical» propose chansons, sketches et chorégraphies.

On ne dira jamais assez les ravages du coronavirus. Au sein du personnel soignant, il semblerait que la bestiole à picots ait laissé des traces plus profondes que prévu. Réfugiés dans un sous-sol des HUG, des toubibs et des infirmières, mais aussi des bureaucrates et des éthiciens se déchaîneraient dans une joyeuse ambiance. C’est en tout cas ce que laisse entendre la Compagnie Confiture à travers son nouveau spectacle, «Le cabaret médical». Un show qui tient tout à la fois de la revue et de l’épopée humoristico-musicale. Sous forme de sketchs, de chansons et de chorégraphies, huit comédiennes et comédiens détournent l’actualité en livrant une version déjantée de la médecine.
Même équipe
Après le succès du «Cabaret protestant», créé en janvier 2020, Philippe Cohen reconduit la même équipe. En blouse blanche sur scène, mais en tenue de ville devant un expresso, l’acteur et metteur en scène genevois explique: «Le cabaret médical» reprend le même principe: on fait rire, sur la base de sources avérées, quoique contradictoires. J’ai eu envie de parler des êtres humains pris dans la tempête de la pandémie. On s’amuse des innombrables difficultés rencontrées au cours de cette période anxiogène, mais aussi de notre adaptabilité, de nos capacités à la résilience.»

Les affres du coronavirus, Cohen les a vécues sans se plaindre, pas le genre de la maison. «On a tous été impactés personnellement, à travers nos familles et nos connaissances. Professionnellement avec Confiture, il nous a fallu reporter plusieurs projets, sans rien annuler définitivement, jouer au Tetris avec les délais et les reprogrammations. On s’est adapté aux circonstances, comme on le fait en permanence dans ce métier. Par bonheur, le public s’est montré souple, compréhensif et généreux souvent. Cette atmosphère solidaire est un bon signal sur l’état des mentalités.»
Serment d’Hypocrite
Avec sa troupe, Cohen se projette dans l’univers des microbes durant une heure trente. «J’ai écrit la plupart des sketchs, Alain Monney en a aussi imaginé un.»
Le pitch de ce troisième spectacle de la saison Confiture? «On imagine que pour décompresser et pour supporter l’univers de la surface, le personnel de l’hôpital s’est inventé un lieu clandestin dans les bas-fonds des HUG. Là, tous ont prêté le serment non pas d’Hippocrate, mais bien d’Hypocrite. À savoir: je jure que j’ai le droit de me laisser aller, de lâcher prise et de croire que tout va s’arranger.»

L’occasion d’aborder en les brocardant des thèmes tels que la gestion de crise, le burn-out, les comportements sociaux en mutation, l’afflux d’obligations bureaucratiques, le personnel transfrontalier ou les coronasceptiques. Sur scène, Kim Selamet et Fabrice Martin dansent notamment un séduisant tango de la contamination sur une musique d’Astor Piazzolla jouée en live, Diana Meierhans mène une savoureuse séance d’hydroalcooliques anonymes et Majbritt Byskov-Bridges chante «J’suis ton virus» sur l’air d’«I’m your Venus», un tube de 1969.

«On force le trait bien sûr, dans un registre assez burlesque», conclut Cohen. «Les séquences sont courtes, les personnages pas mal décalés. On ne peut pas brosser un portrait raffiné. On est dans l’humour.» Avec cette bonne nouvelle: s’il résiste parfois aux vaccins, le virus ne fait pas le poids dans la Confiture.
«Le cabaret médical», jusqu’au 25 mars, Salle centrale Madeleine, 10 rue de la Madeleine.
Me, je, sa 19 h, ma et ve 20 h.
Réservations: 022 793 54 45.
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