Le Chili, le feu, et Chico Trujillo à l'Usine
Il y avait foule jeudi au Rez du centre culturel, qui accueillait le groupe de Valparaíso, tandis que les rues du pays s'enflamment.

Au début, on entend comme des gongs désaccordés. Le bruit des cloches à l'alpage? Du tout! Ce sont les casseroles qu'on frappait après le couvre-feu durant le régime de Pinochet. Voilà Chico Trujillo qui débarque à l'Usine pour une énième tournée européenne. Voilà surtout l'occasion de retrouver le groupe chilien à un moment critique dans l'actualité du pays sud-américain. Le président Sebastián Piñera déclare sa nation «en guerre». Dans la rue, la population manifeste contre les inégalités sociales. A Genève, il y a foule pour écouter le chanteur Aldo «Macha» Asenjo et sa troupe.
«El Macha» comme on dit, barbe de marin et bonnet idoine, campe sur la scène du Rez entouré de cette clique bondissante, souffleurs, bassiste, batteur, guitariste, flûtiste, tant et plus à s'agiter dans leurs chemises bariolées qu'on ne les compte plus. Comme on ne compte plus les aficionados venus danser et crier leur adhésion à une cause qui, pour lointaine qu'elle soit géographiquement, ramène illico à une problématique universelle. «Aujourd'hui, on se sent tous Chiliens!», cette phrase court d'un bout à l'autre du public genevois. Il y a là les citoyens concernés, et les ressortissants d'un peu partout en Amérique latine, et les autres, tous les autres. Pour se sentir ensemble? Rien de tel qu'une cumbia carabinée, une cueca virevoltante, un ska enlevé, du dub cuivré. Le tempo va plus rapide encore qu'à l'ordinaire. Chico Trujillo balance tout en vrac, rameutant une délicate ballade de Violeta Parra, ce «Calambito temucano» joué à deux sur la flûte andine «quéna», livrant avec énergie une pleine palette de chants traditionnels, dont cette «Fiesta de San Benito» non moins trépidante que le reste.
Ces derniers jours, on attendait un signe, un mot du groupe: quel serait sa réaction aux «émeutes» chiliennes? L'autre soir, enfin, la bande publiait son manifeste sur les réseaux sociaux, qui terminait ainsi: «No estamos en guerra!! Estamos unidos!!!!» («Nous ne sommes pas en guerre, nous sommes unis»). À l'Usine, ce jeudi tard dans la nuit, le public chantait en chœur «El pueblo unido, jamás será vencido». Le peuple uni jamais ne sera vaincu, paroles et musique du groupe chilien Quilapayún et du pianiste Sergio Ortega Alvarado. Et là, qu'est-ce qu'il a dit, le chanteur? Un bon gros mot, souffle une amie chilienne. Ensuite, Chico trujillo a entamé un bolero romantique à souhait, et tout le monde s'est mis à chanter verre à la main, totalement faux. L'émotion partagée, elle, était parfaitement juste.
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