
Situé au-delà de l’Arve mais encore sur le territoire de la Ville de Genève, le PLQ Acacias 1 a reçu un préavis favorable de la part du Conseil municipal. Cette nouvelle urbanisation a néanmoins fait l’objet d’un référendum, ce qui débouche sur un vote le 18 juin prochain qui va décider de l’avenir de ce quartier. Nos invités Olivier Gurtner et Marie-Agnès Bertinat font valoir ici leurs arguments.
Un plan localisé d’une urgence évidente
De nouveaux logements accessibles, deux rivières à ciel ouvert, des équipements publics de qualité, un quartier hyperconnecté aux moyens de transport… et tout ceci en Ville de Genève. C’est le plan localisé de quartier Acacias 1, un projet important qui répond au besoin du plus grand nombre et pour lequel il faut voter oui le 18 juin.
Se loger à Genève est difficile et très cher pour les locataires. Les plus nantis peuvent se permettre d’acheter un logement, certain·e·s bénéficient du logement social, et tous les autres doivent attendre. Dans le secteur Praille-Acacias-Vernets (PAV), une parcelle industrielle doit devenir un parc de 2300 logements: le PLQ Acacias 1, sur la Ville de Genève, un projet qui mérite d’être soutenu.
Entre Carouge et Pont-Rouge, ce nouveau quartier prévoit 2300 logements, des activités artisanales, des bureaux et des équipements publics de qualité (écoles, places publiques). Objectif: livrer les premiers logements d’ici huit à dix ans. Face aux critiques qui parlent de cage à lapins, il faut rappeler que les logements prévus – beaucoup d’utilité publique – font en moyenne 100 m2. Face aux canicules qui frappent les villes, transformer un ancien site industriel bétonné en quartier d’habitations arborisé (23% de canopée) et avec des logements dans l’ombre est une bonne réponse! Il serait bon de ne pas l’oublier et de penser aux besoins des locataires.
Le PLQ Acacias 1 est un projet absolument écologique, qui prévoit de remettre à l’air la rivière Drize et l’Aire, longtemps confinées, et d’en faire une large promenade publique accessible aux familles. Il sera très accessible aux transports publics, avec les trams et le Léman Express juste à côté. Ce sont 10’800 places vélos (dont 2000 pour les cargos) qui sont prévues, soit quatre places par logement. Enfin, il s’agira d’un quartier préservé du bruit, sans voitures, et les bâtiments du côté de la bruyante route des Jeunes seront réservés aux bureaux et activités.
Il faut dire les choses en face: quel est le profil parmi certains opposants? Beaucoup habitent en Ville de Genève, depuis longtemps, et ont donc déjà réglé leur problème de logement. Ce qui n’est pas le cas de tant d’autres, qui cherchent désespérément à habiter en Ville. Et qu’est-ce qu’on leur dit, à ces personnes? «Le PLQ Acacias 1 ne va pas à cause de la clause 287 et de l’alinéa 3b, alors votons non.» Cela signifie concrètement qu’elles devront attendre quinze ou vingt, même trente années de plus. Leur conclusion? «Attendez vingt ans!» C’est un refus égoïste.
«Dans le doute, refusez le projet!» C’est le créneau de certains opposants, qui inondent les réseaux de réflexions approximatives. Le but est simple: susciter le doute, créer un brouillard pour perturber les évidences, ramollir les convictions. On pourrait dire 2200 logements au lieu de 2300 c’est vrai. On pourrait dire que les bâtiments feront un mètre de plus, c’est vrai. On pourrait débattre des heures sur les surfaces brutes de plancher, c’est vrai. La réalité est beaucoup plus simple: c’est que des gens sont nombreux à vouloir habiter à Genève et on doit y répondre, de manière qualitative et écoresponsable. Sinon que dit-on à toutes les personnes qui travaillent ici mais habitent là-bas ? Qu’elles n’ont qu’à penduler et transiter chaque matin et soir? Ce n’est évidemment pas normal. Pour toutes ces raisons, pour les générations actuelles, d’ailleurs (qui ne peuvent pas voter), futures (qui ne peuvent pas voter), votons oui au PLQ Acacias 1 le 18 juin.
Un ouvrage bâclé à remettre sur le métier
Le plan localisé de quartier (PLQ) Acacias 1 est une nouvelle occasion pour le Conseil d’État et plus particulièrement pour le chef du Département du territoire, M. Antonio Hodgers, de nous prouver leurs compétences en matière d’aménagement et de qualité de vie. Cinq mille nouveaux habitants sont attendus.
Les élus UDC de la Ville de Genève se sont opposés vigoureusement à ce projet. Bien que conscients de l’actuelle crise du logement, les élus UDC ont toutefois demandé une densité moindre que celle annoncée dans le PLQ et plus d’infrastructures publiques et sportives. Nous craignons que ce nouveau quartier très densifié, construit en plein cœur de la commune et du canton, et qui accueillera en grande partie des résidents issus de la classe moyenne, soit bien loin des merveilleux croquis en couleurs présentant ce futur quartier. Quelques exemples précis illustreront mon propos.
Un manque flagrant d’équipements publics pour les enfants. La surface prévue pour l’école est bien trop petite. On y alloue 6500 m2 pour vingt classes (sans certitude de pouvoir les accueillir), alors que cet espace devrait faire au moins 8000 m2. Aucun local périscolaire n’est prévu. Les enfants n’auront pas de véritable espace pour jouer et se dépenser. Est-ce bien sérieux?
Il n’y aura pas de véritable parc à proximité; la promenade prévue le long de la Drize ne peut guère être qualifiée de parc. En effet, ce cours d’eau remis à ciel ouvert sera en forte pente, souvent à l’ombre et sujet aux inondations ou à sec durant l’été. Les piétons et les cyclistes y circuleront, ce qui ne laissera qu’un espace très restreint pour les promeneurs.Évoquons à présent les places de parking. Un stationnement est prévu pour quatre logements. Les habitants n’auront aucune liberté de choisir leur mode de transport dans cette vision totalement communiste car, je cite M. Hodgers, «les gens se prêteront leur voiture»…
Nous nous étonnons également qu’à l’heure du réchauffement climatique, M. Hodgers (Les Verts) ait tracé un bien curieux schéma d’implantation des immeubles. Certains, construits en carré, encercleront des îlots et empêcheront toute circulation d’air: la fournaise estivale est au programme de ce quartier.
Enfin, à l’étude de ce projet grandiose, nous nous étonnons de l’étroitesse des rues (entre 14 et 16 m.) et nous rappelons les études de M. Serge Reynaud sur le bruit: une pareille proximité des façades amplifiera tous les sons. Une étude confirmée par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).
Devant ce travail bâclé, l’UDC vous invite à refuser ce PLQ Acacias 1! N’ayez pas peur d’adresser un message fort aux autorités. Ne croyez pas leurs promesses et leurs beaux photomontages! Soyez exigeants, c’est vous qui vivrez avec ce nouveau quartier! M. Hodgers et ses services doivent repenser ce projet et profiter de cette opportunité pour améliorer la qualité de vie de tous les Genevois.
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Face-à-face – Le cas PLQ Acacias: que voter?