Théâtre de CarougeLe Carouge promet de surfer sur la vague de son succès
Programmateur, artiste, bonimenteur et pyrotechnicien, Jean Liermier a cumulé les casquettes samedi dernier – mais tête nue – pour lancer une saison «libre et sauvage».

Avant même de se tourner vers 2022-2023, le Théâtre de Carouge a de quoi pavaner. Son fier capitaine Jean Liermier, tout juste reconduit pour un nouveau mandat triennal par la fondation qui l’a nommé en 2008, ne s’en est pas gardé, samedi, lors des deux séances de présentation de saison qu’il a enchaînées devant une salle comble. Fierté tout ce qu’il y a de fondée, puisque, justement, cette salle n’a pas désempli depuis son baptême en janvier. Avec un taux de remplissage de… 100%, ce ne sont pas moins de 43 378 fessiers en six mois à peine qui sont venus réchauffer les fauteuils nouvellement vissés.
On ne change pas…
Mais Jean Liermier et son équipe n’ont pas à se féliciter que sur le plan quantitatif. Parmi les spectacles accueillis dans le splendide bâtiment conçu par le bureau d’architectes Pont12, on n’avait jamais noté pareille cohérence: les plus fantasques comme les plus poétiques, les plus drôles comme les plus mélancoliques, de James Thierrée à Dan Jemmett et d’Omar Porras à Robert Sandoz, tous sont venus étrenner la nouvelle salle d’une ode fervente à l’art théâtral. Joli coup.
Les mêmes fées se pencheront-elles sur la prochaine saison? Plusieurs artistes qui ont contribué à la tenace renommée du théâtre ont en tout cas été invités à s’y illustrer à nouveau. Ce sera le cas tout d’abord de l’immense comédien genevois Gilles Privat, indissociable du lieu, qui reviendra incarner le «Malade imaginaire» créé sur place voilà huit ans par Jean Liermier, mais dans une version désormais épicée par l’expérience Covid, et juste à temps pour commémorer en fin d’année le 400e anniversaire de Molière.
… une équipe qui gagne
Ce sera également le cas du metteur en scène Jean Bellorini qui, après ceux de Dostoïevski et Shakespeare, montera en octobre un texte choral dû à Valère Novarina, «Le jeu des ombres», qui revisite le mythe d’Orphée pour en dégager le triomphe de l’art sur la mort. Ce sera encore le cas du clownesque Zurichois Martin Zimmermann, récipiendaire du Grand Prix suisse des arts de la scène 2021, dont «La danse macabre» entraînera en septembre le public dans un bal burlesque, quelque part entre Chaplin et Tim Burton, en l’honneur de trois marginaux solidaires. Et le cas encore du vibrant Alain Françon, qui s’attaque cette fois au chef-d’œuvre de Beckett, «En attendant Godot», avec… Gilles Privat en Vladimir et André Marcon en Estragon.

L’enfant chéri Dominique Ziegler réinvestira lui aussi le plateau, mais du camion destiné à sillonner le canton dès la fin d’août. Il y signera «Neolithica (Le grand secret)», une fresque préhistorique qui montrera comment, en se sédentarisant, l’humanité a inventé le capitalisme. Quant à l’habitué Robert Sandoz, ex-assistant de Jean Liermier devenu patron du Théâtre du Jura, il réapparaîtra début 2023 pour diriger quatre comédiens (dont sa complice Brigitte Rosset) dans les nombreux rôles d’une «Règle du jeu» adaptée – rien moins – du film de Jean Renoir. Même la nouvelle boss du Théâtre fribourgeois des Osses, Anne Schwaller, qui proposera fin avril sa lecture de la «Maison de poupées» d’Henrik Ibsen, n’en est pas à sa première venue au Carouge. Enfin, Jean Liermier himself recréera avec une nouvelle et prestigieuse distribution le classique de Musset, «On ne badine pas avec l’amour», qu’il avait monté ici même en 2004.
Théâtre de Carouge, programme complet et billetterie sur www.theatredecarouge.ch
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