Covid-19Le Bureau d’information sociale est là pour durer
Le Canton avait inauguré un tel guichet pour informer les personnes précaires des prestations sociales auxquelles elles ont droit. La Ville rejoint le dispositif.

Répondre au contexte de la crise liée au Covid-19: tel était l’objectif du projet pilote du Bureau d’information sociale lancé en novembre dernier par le Département cantonal de la cohésion sociale (DCS), dirigé par Thierry Apothéloz, avec divers partenaires, dont l’Hospice général. Durant six semaines, ce guichet – alors situé au carrefour du Bouchet – a reçu des personnes se trouvant dans une situation sociale, financière ou psychologique difficile. Un projet novateur, avait relevé la «Tribune de Genève» dans son édition du 6 décembre, après avoir visité les lieux: plutôt que d’inviter les citoyens à se rendre dans les institutions, ce sont les institutions elles-mêmes qui se déplacent vers les populations précarisées.
«Nous savons que plus le système est complexe, plus les gens se découragent à demander de l’aide, expliquait Hossam Adly, secrétaire général adjoint au DCS et responsable du projet . Or, souvent, les situations ne peuvent pas être réglées par un seul acteur. L’idée de ce bureau est d’éviter de devoir renvoyer les personnes de service en service et engorger ainsi les institutions sociales.»
Non-recours aux prestations
Deux mois plus tard, le virus ne fléchit pas. D’abord voué à être éphémère, le Bureau d’information sociale se pérennise avec une ambition renforcée: lutter contre le non-recours aux prestations. En effet, bien des personnes hésitent à se rendre dans un tel service pour quémander de l’aide, d’autres ne savent tout simplement pas qu’elles y ont droit.
Pour optimiser cette nouvelle phase, Hospice général, partenaires institutionnels cantonaux, communaux (Villes de Genève, Meyrin, Vernier et Thônex) et associations multiples, dont l’Asloca et le Collectif d’associations pour l’action sociale, unissent leurs forces. La permanence se tient dès le 4 février, et pour dix semaines, tous les jeudis de 16 h à 18 h 30, à l’Espace de quartier Plainpalais, au 3, rue des Minoteries. «Un endroit mis à disposition par la Ville. Et c’est là la grande nouveauté, note Henri Della Casa, secrétaire général adjoint au DCS. L’entrée de la Ville dans le dispositif nous permettra de bénéficier de ses infrastructures et de passer la vitesse supérieure. Un premier bilan a montré qu’un tel lieu répondait à un réel besoin sur le long terme. Nous avons comptabilisé 273 consultations (moyenne: 46 personnes par semaine) lors de la phase pilote.»
Endettement et détresse psychologique
Un soutien est proposé notamment en matière d’endettement et d’aide financière, de logement également. Afin de couvrir l’ensemble du territoire cantonal et atteindre des publics différents, le Bureau d’information sociale déménagera ensuite vers un autre site, l’Espace 99, à Châtelaine, pour une même durée de dix semaines.
«La lutte contre le non-recours aux prestations sociales est un enjeu majeur dont les causes ont été identifiées: multiplicité des acteurs, complexité administrative, supports d’informations pas adaptés, peur d’être stigmatisé, sentiment de honte, manque de connaissance, commente la conseillère administrative Christina Kitsos. Pour relever ce défi, il est primordial de travailler de manière coordonnée entre institutions publiques et partenaires associatifs, afin de proposer à la population en difficulté une primo-information de qualité ainsi qu’une orientation adaptée.»
Ce Bureau d’information sociale est «une première étape essentielle et inédite qui va dans le bon sens, toujours selon la magistrate socialiste. Avec la permanence et son réseau de professionnel-le-s, avec un site qui centralise les informations utiles, il s’agit de replacer le droit au cœur de l’action sociale.»
Il est démontré qu’une information sociale de qualité permet de prévenir la précarité, en identifiant la situation spécifique de chaque bénéficiaire: c’est tout l’enjeu de cette collaboration inédite.
Notons que le non-recours aux prestations sociales a occupé une partie du Conseil municipal de Vernier, mardi soir. Et cela n’est pas fini puisqu’une motion intitulée «Déstigmatiser les services sociaux», proposée par les socialistes Marie-Rose Perez-Milano et Jean-Pierre Tombola, a été envoyée au Conseil administratif. Et bien accueillie par son maire, Martin Staub, lui aussi socialiste.
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