Ce lundi, l’Assemblée nationale s’est emparée du budget de l’armée française pour les sept années à venir. Il marque une progression de 40% par rapport à la dernière loi de programmation et portera la dépense à 69 milliards d’euros en 2030, soit plus que le double qu’en 2017 (32 milliards), quand Emmanuel Macron était devenu président.
La progression est spectaculaire et signifie un rattrapage nécessaire pour une armée française qui était tombée dans un état de sous-financement et de sous-équipement chronique. Mais dans le contexte social actuel et après une réforme des retraites qui prévoit 13 milliards d’économie annuels dans le même délai de 2030, on aurait pu imaginer que les oppositions déclenchent un tir de barrage.
Il n’en est rien. En France, aucun parti ne conteste les budgets de l’armée, ni les écologistes ni la gauche de la gauche avec La France insoumise. Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, résumait un sentiment presque général en affirmant lundi matin sur France Inter: «Il n’y a pas d’état d’âme de notre côté à donner plus de moyens à nos soldats».
«L’armée, en France, est une réalité concrète qui rejoint d’idée de grandeur du pays.»
L’armée, en France, est une réalité concrète qui rejoint d’idée de grandeur du pays. Quelles que soient les pages douloureuses de son histoire – la débâcle de 1870, celle de 1940, Diên Biên Phu ou la guerre d’Algérie – elle reste une valeur presque sacrée et l’une des dernières institutions à jouir d’un véritable respect. Cette vénération des valeurs militaires offre un contraste saisissant avec la Suisse, où l’armée a perdu sa légitimité et son utilité aux yeux d’une partie non négligeable de la population. Quand on parle budget de la défense, l’Assemblée nationale, à Paris, devient subitement beaucoup plus pondérée que le Conseil national, à Berne.
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Éditorial – L’armée française, une valeur presque sacrée
Contrairement à la Suisse, où l’armée a perdu son utilité aux yeux d’une bonne partie des citoyens, elle garde en France un prestige que personne ne conteste.