Ville gouvernée par la gauche, Genève a emprunté 600 millions de francs à la Fédération internationale de football (FIFA) entre 2018 et 2022. Des emprunts à court terme et sans intérêts. Le dernier, de 150 millions, a été contracté six jours avant le lancement du très controversé Mondial au Qatar.
Alors que l’Exécutif municipal fait de la transition écologique une priorité, l’information fait tache. Soupçons de corruption, destruction de l’environnement derrière un greenwashing éhonté, exploitation d’une main-d’œuvre étrangère et décès en grand nombre sur les chantiers… La sublime finale entre la France et l’Argentine n’a fait oublier ce sinistre bilan qu’à ceux qui le voulaient.
La droite aurait tort de ne pas insister sur cette contradiction de la gauche au pouvoir, entre l’acte et le discours. Reste que sans morale, le cynisme s’impose: il n’y a pas de risque d’être pris en défaut. Dans le monde tel qu’il est, une cohérence complète et un comportement irréprochable relèvent d’un purisme irréaliste, professé par les tenants du statu quo.
Agenda politique
Une collectivité publique a besoin d’emprunter massivement. Garantir une provenance totalement éthique semble compliqué, comme le démontrent les polémiques sur les investissements «verts» ou «propres». Mais emprunter de l’argent à une banque est une chose. L’emprunter directement à un organisme sportif connu pour son agenda politique et ses pratiques peu recommandables en est une autre.
Alors que la polémique sur les fan zones enflait, les magistrats de gauche, en Ville de Genève, sont restés cois. Étaient-ils gênés par ces emprunts? La FIFA cherche-t-elle à soigner ses relations pour continuer à bénéficier, en Suisse, où elle a son siège, d’une si complaisante fiscalité?
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Éditorial – L’argent a une odeur. La Ville s’en arrange
Comme d’autres collectivités, la Ville de Genève a emprunté de l’argent à la FIFA, une organisation pourtant si controversée.