Sauvetage en mer d’ArabieL’ancien PlanetSolar s’est échoué au sud de Mumbai
Le catamaran qui avait été stoppé en Inde en raison d’avaries a subi une explosion vendredi dans la nuit. L’équipage a été héliporté. Il est sain et sauf.

Raphaël Domjan, qui a réalisé le premier tour du monde à l’énergie solaire entre septembre 2010 et mai 2012 à bord du catamaran MS Tûranor PlanetSolar, a posté sur les réseaux sociaux que le bateau s’était échoué vendredi au sud de Mumbai. Les membres de l’équipage ont été secourus par les garde-côtes indiens.
Rebaptisé Porrima et battant pavillon suisse, le catamaran avait dû faire halte au large de Mumbai en raison d’avaries diverses. L’équipe de Porrima, dont la fondation et la société propriétaire sont basées à Lausanne, précise qu’une fois les réparations faites, le nouveau capitaine et le surintendant ont décidé que tout fonctionnait pour entreprendre un essai en mer. Cela afin de découvrir et de corriger d’éventuelles lacunes avant de soumettre l’embarcation au certificat de navigabilité. «Si les essais s’étaient déroulés à la satisfaction totale et que la navigabilité avait été délivrée, Porrima aurait poursuivi sa mission», ajoute-t-elle. Le catamaran solaire devait se rendre aux Maldives.
Selon l’«Hindustan Times», de New Delhi, le sauvetage de l’équipage a été difficile en raison d’une mer très agitée et de vents violents. Dès lors, était-il raisonnable de naviguer avec de telles conditions météo? «Les procédures étaient claires: tester la navigabilité du catamaran dans toutes les conditions de la région pour obtenir l’approbation des autorités indiennes», explique l’équipe de Porrima, tout en précisant que le professeur Gunter Pauli, président de la fondation propriétaire du bateau, assiste aux urgences, raison pour laquelle il ne répond pas lui-même.
Tensions entre l’armateur et l’équipage
Un autre épisode fâcheux a marqué cette étape du Porrima à Mumbai. Quand la Genevoise Carolina Gonzales, capitaine en second, a signalé à Gunter Pauli que le bateau était endommagé et ne pouvait pas continuer sa route, ce dernier semble avoir mal pris la chose. L’armateur a même déposé une plainte auprès de la police cantonale vaudoise contre la capitaine en second, pour «soustraction de chose mobilière». En clair: un vol de bateau.
«Les forces de l’ordre sont intervenues sur le bateau le 21 juillet. Le capitaine Boukhari et moi avons dû débarquer. On croyait qu’on allait finir en taule.»
«Je pense que la police indienne a été informée de cette plainte, estime Carolina Gonzales. En tous les cas, les forces de l’ordre sont intervenues sur le bateau le 21 juillet. Le capitaine Boukhari et moi avons dû débarquer. On croyait qu’on allait finir en taule. En fait, ils nous ont fait un visa de trois jours pour qu’on se dépêche de quitter le pays. Aujourd’hui, je suis surtout heureuse que l’équipage soit sain et sauf.»
Après leur départ, le capitaine Haroune Boukhari a été remplacé par Karuna Nidhan Pandey, qui pilotait le catamaran au moment où il y a eu l’explosion dans le compartiment des batteries, vendredi vers 3h du matin.
Le bateau sera-t-il sauvé?
Raphaël Domjan, qui connaît bien l’armateur Gunter Pauli, est persuadé que celui-ci a tout entrepris pour que les choses se passent au mieux. Mais il y a des impondérables. De nombreuses questions restent ouvertes.
«Est-ce que les réparations ont été suffisantes, se demande l’ancien chef d’expédition du PlanetSolar. Est-ce que l’équipage avait les compétences pour naviguer avec une embarcation aussi particulière que ce catamaran solaire? Il faut savoir louvoyer et bien évaluer la météo pour éviter de se mettre en danger. Et lorsqu’il y a eu l’explosion, l’équipage était-il bien préparé pour faire face à une situation d’urgence?»
Mais l’éco-aventurier neuchâtelois n’est pas du genre à regarder en arrière. «Ce qui importe désormais, c’est de sauver ce bateau. Ce sera difficile car il pèse 80 tonnes et se trouve sur une plage en Inde, où tout est compliqué. Le pire, ce serait qu’il pourrisse sur place, et que ses batteries polluent l’environnement.»
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