L'âge d'or des 4x4 et du diesel en Suisse
Jamais les Helvètes ont autant acheté de voitures. Les grosses carrosseries et les moteurs diesel ont le vent en poupe.

Le Salon de l'auto se déroule sur fond d'explosion. En deux décennies, le nombre de véhicules motorisés fabriqués par année dans le monde a presque doublé. En dix ans, la Chine est devenue la grande usine en la matière, loin devant les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne. Les constructeurs crachent toujours plus d'automobiles. Le leader, le groupe Volkswagen, a battu son record en 2016 et franchi la barre des dix millions de véhicules produits, comme si le scandale des moteurs diesels truqués l'avait à peine effleuré.
Les voitures diesel? Jamais elles n'ont été autant prisées en Suisse que l'an dernier. Et Volkswagen continue de caracoler en tête des marques les plus adorées des Helvètes. Les 4x4, aussi, galvanisent les foules: en 2016, 44% des mises en circulation de voitures neuves en Suisse portaient sur des versions à traction intégrale. Parmi ces dernières, la moitié a porté sur des «SUV», des tout-terrain, lourds et sportifs qui émettent plus de gaz polluants.
L'électrique ne prend pas
«Les Suisses aiment les SUV car leur position surélevée leur donne un sentiment de sécurité, qui plaît aux femmes, elles ont un grand coffre, pratique pour les poussettes et les vélos, et pour les routes de montagne», indique François Launaz, le président de l'Association des importateurs suisses d'automobiles, auto-suisse.
On ne peut en dire autant de leurs cousines électriques qui font pourtant couler l'encre. L'an dernier, à peine 1% des voitures mises en circulation en Suisse roulaient à l'électricité et parmi elles, on trouve une moitié de Tesla. En Europe, la Norvège obtient le meilleur score avec 20% de modèles électriques dans les nouvelles immatriculations en 2016, une performance réalisée au prix d'une politique d'incitations basée sur des allégements fiscaux. Plusieurs cantons accordent aussi des avantages fiscaux aux détenteurs de voitures électriques.
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Le parc automobile helvétique s'envole. Fin 2016, 4,57 millions de voitures de tourisme étaient immatriculées, contre 4 millions fin 2007. Le nombre de camions immatriculés baisse (51 851 fin 2007; 48 447 fin 2016), celui des motos augmente (540 641 fin 2007; 669 928 fin 2015). Les ventes sont en hausse: les mises en circulation de modèles neufs stagnent mais les changements de propriétaires de voitures d'occasion - qui portent sur des chiffres deux fois plus importants - continue de croître.
Les Suisses ne se soucient-ils pas de la planète? François Launaz précise que les moteurs diesel consomment moins que ceux à essence. «Les dernières normes européennes en la matière imposent des filtres qui retiennent presque toutes les particules et ne laissent filer que des microparticules», dit-il. Ces quinze dernières années, les voitures de tourisme neuves mises en circulation en Suisse sont passées d'une consommation moyenne de 9 litres aux cent à 6,4 litres l'an dernier.
«Nous abîmons la vie»
«L'explosion du parc automobile n'est pas saine», estime de son côté Lucien Willemin, auteur de En voiture Simone, un livre qui souligne l'impact des quatre roues sur l'environnement. «Les programmes politiques nous invitent à changer de véhicule pour, nous dit-on, polluer moins. C'est une grave erreur. On est tellement obnubilé par le rejet de CO2 qu'on oublie les substances toxiques rejetées dans l'eau, l'air et les sols lors de la fabrication. Or comment compenser cette pollution-là en utilisant sa voiture? Dans les faits, plus nous fabriquons plus nous abîmons la vie. Nous naviguons avec des œillères.»
Selon Lucien Willemin, le fait qu'on ne connaisse pas le nombre total de voitures en Suisse - car le nombre de véhicules non immatriculés est inconnu - rend difficile toute prise de décision politique par rapport aux automobiles.
En attendant, même les nouvelles technologies stimulent le transport par route. Celles qui permettent l'envoi de petits colis à travers la planète en un temps record, ne peuvent recourir aux trains. Camionnettes et voitures, capables de livrer dans chaque boîte aux lettres, demeurent plus efficaces aux yeux des livreurs.
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