AboEspions à Genève (3/6)L’affaire Barschel ou le mystère de la chambre 317
Dimanche 11 octobre 1987, le corps du «Kennedy allemand» est découvert dans sa baignoire à l’hôtel Beau-Rivage. Durant douze ans, les justices genevoise et allemande mèneront l’enquête. Elle aboutira à un fiasco. Avec en arrière-plan, une histoire d’espionnage

Une voiture de police stationne devant l’Hôtel Beau-Rivage, à Genève, le 11 octobre 1987. L’ex-ministre-président du Land de Schleswig-Holstein Uwe Barschel (CDU) a été retrouvé mort dans la baignoire de la chambre 317.
Il fait un vrai temps de novembre, ce 11 octobre 1987. Sous ce ciel gris, une meute de journalistes allemands et alémaniques s’excite pour tenter d’interviewer Uwe Barschel, le ministre-président démissionnaire d’un land allemand au nom imprononçable, le Schleswig-Holstein. L’homme que pistent les reporters est une grande vedette politique en Allemagne. Les médias d’outre-Rhin le considèrent comme le numéro deux de la CDU (le parti de la démocratie chrétienne) et dauphin du chancelier fédéral Helmut Kohl. Son allure de quadragénaire dynamique et le soin qu’il apporte à parfaire son image lui valent le flatteur – mais périlleux – surnom de «Kennedy allemand». Il allait trouver en face du Jet d’eau un destin final assez comparable à celui du mythique président américain.