Je participe au mouvement Extinction Rebellion à Genève pour défendre mon droit de vivre et d’atteindre l’âge de la retraite. Je le fais, car l’heure est à l’action. Sans les moyens d’un lobby pour faire entendre ma voix, je choisis de participer à la campagne Faire Face (en partenariat avec la ville de Genève et de nombreuses organisations), ainsi que d'agir par la désobéissance civile non-violente. Je consacre des milliers d’heures bénévoles depuis trois ans pour faire changer l’orientation de notre société. Je choisis de m’engager plutôt que de contribuer à un réchauffement de 9 degrés d’ici 2100 en Suisse.
«Les réalités physiques de notre planète ne sont pas négociables.»
Dans la lettre d’opinion de Vincent Subilia publiée ici même le 8 juin, on pouvait lire que notre mouvement «se fait offrir par la Ville de Genève une campagne d’affichage publicitaire». Des centaines d’heures de bénévolat permettent au contraire à la Ville d’économiser plusieurs fois le montant de la campagne, afin de porter un savoir scientifique sur les conséquences d’une inaction de la société.
Cette campagne a mis en lumière certains des risques concrets pour la région genevoise. M. Subilia semble ne pas comprendre la différence entre sensibiliser sur des risques réels et mener une campagne publicitaire commerciale pour vanter une marque ou un produit souvent contraires à l’atteinte de la neutralité carbone.
Je tiens à préciser que nous ne faisons pas de la désobéissance civile non violente de gaîté de cœur. Elle est la conséquence du fait que l’État de droit suisse permette de détruire nos conditions de vie pour l’enrichissement personnel d’une minorité, et que les lobbys de l’économie faussent les décisions politiques sur les enjeux écologiques dans notre pays. Là est le vrai danger pour la démocratie.
Défendre l’enrichissement à court terme sans considérer l’épuisement des ressources planétaires et les pollutions générées qui provoquent la destruction de notre économie, de notre démocratie et de nos vies est bien plus grave que nos actions.
«La responsabilité individuelle ne suffit pas: les milieux économiques et politiques ont des leviers plus efficaces.»
Pour rappel, 6 limites planétaires sur 9 sont d’ores et déjà dépassées, nous assistons à une diminution de la biodiversité nommée par la science «la Sixième extinction de masse».
Le dérèglement climatique menace la vie des Genevois·e·s, par exemple par les fortes chaleurs prévues, par l’instabilité des prix, notamment alimentaires, due aux sécheresses, aux incendies ou aux inondations selon les régions du globe référencées par le GIEC, l’OMC ou encore la Banque mondiale. Comment l’économie genevoise serait-elle épargnée par de telles perturbations? Et quelles solutions pratiques la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève proposent-ils face à ces constats scientifiques?
De multiples études montrent que seul un changement de modèle économique et social nous permettra de répondre à la menace. Les réalités physiques de notre planète ne sont pas négociables, contrairement à l’organisation de nos sociétés.
Le vendredi 3 juin, la justice genevoise a acquitté les activistes d’Extinction Rebellion, accusés d’avoir perturbé le trafic routier, au motif que le droit de réunion pacifique prévaut en pareil cas sur la gêne occasionnée.
M. Subilia demande dans quel camp se situe la Ville de Genève. Habitant de Genève, j’espère que la Ville choisit le respect de la Constitution genevoise, qui mentionne la responsabilité de tous et toutes, incluant les membres de la chambre de commerce, les élu·e·s et le personnel administratif «envers la collectivité, les générations futures et l’environnement». Or, la responsabilité individuelle ne suffit pas: les milieux économiques et politiques ont des leviers plus efficaces.
Je note enfin que, selon la CCIG, la voie légale pour Extinction Rebellion n’est pas plus tolérée que la désobéissance civile. Serait-ce le message, davantage que les moyens, qui dérange réellement?
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L’invité – Action Climat : et si on parlait du fond?