La voix du reporter Jean-Paul Darmsteter s'est tue mais ne s'éteint pas
Le Genevois s'est taillé une belle réputation en couvrant, pour la Radio romande, les guerres d'Indochine et d'Algérie.

Il est des voix inoubliables. Celle du poète et radioreporter Jean-Paul Darmsteter en fait partie. Son timbre grave et cuivré résonne encore aux oreilles des plus anciens. Cette voix s'est tue, le 2 juin. L'inhumation de ce Genevois d'origine française et belge s'est déroulée dans l'intimité de la famille, à laquelle la «Tribune de Genève» adresse toute sa sympathie. Il avait 94 ans. Une voix pleine. Et une vie bien remplie.
La Radio romande n'existe pas encore lorsque Jean-Paul Darmsteter s'empare du micro. C'est donc à Radio Genève qu'il est engagé, en 1945. L'un de ses reportages aurait pu fort mal tourner. Le 5 octobre 1951, il accompagne son confrère de «L'Impartial» Georges-André Zehr; ce pilote et journaliste veut démontrer qu'il est possible de déposer un avion sur un glacier. L'appareil décolle de l'aérodrome de La Chaux-de-Fonds pour se diriger vers le Dôme du Goûter, Haut-Plateau du Mont-Blanc, situé à 4000 mètres d'altitude. L'atterrissage (ou l'aneigeage!) se passe mal, l'avion culbute, son hélice étant brisée. Heureusement, les deux hommes se tirent indemnes de ce mauvais pas. Quelques jours plus tard, une seconde tentative sera couronnée de succès et donnera l'occasion à Jean-Paul Darmsteter de diffuser sur les ondes un reportage qui a connu un succès considérable.
C'est en tant que grand reporter que Darmsteter s'est taillé une belle réputation, en couvrant pour la Radio romande les guerres d'Indochine et d'Algérie, entre autres. Ses reportages étaient écoutés bien au-delà des frontières suisses, notamment en France, car ils étaient souvent la source francophone la plus fiable pour savoir ce qui se passait vraiment au cœur des derniers conflits coloniaux engageant la République voisine.
Après avoir quitté les ondes en 1965, Jean-Paul Darmsteter poursuit sa carrière en dirigeant l'information au Bureau européen de l'Organisation mondiale de la santé, à Copenhague.
Parallèlement à ses activités journalistiques, Jean-Paul Darmsteter a développé une œuvre poétique qui a culminé avec deux ouvrages remarquables: «Quadritude» et «Temps suspendu», publiés par l'Âge d'Homme. La maison belge Autrement Dit a enregistré sur CD une anthologie de ses poèmes. La France l'a décoré des insignes de chevalier des Arts et Lettres en 2006.
En guise d'adieu, citons un sien poème, intitulé «Automne»:
«Ardente et, sous l'attente, blême/Le cœur vaincu, de guerre lasse/Elle abdique tout stratagème/Entendez-vous la mort qui passe?
Peau moite quand sonne la nuit/Alangui, le corps s'abandonne/Que retenir de ce qui fuit?/C'est la mort qui meurt à l'automne.»
Une voix s'est tue. Mais par la grâce de la poésie, elle ne s'éteint pas.
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