La vie en abri PC, «trois semaines au maximum»
Des experts condamnent l'hébergement prolongé sous terre. Le mouvement contre le recours aux abris PC continue

Quatre abris PC, soit 255 lits, sont aujourd'hui disponibles pour accueillir des requérants d'asile, déboutés pour la plupart. Les séjours durent en moyenne six mois, «et la situation va peut-être se dégrader», expliquait récemment le directeur de l'Hospice général dans nos colonnes. Séjourner sous terre, est-ce vraiment mauvais pour la santé?
Depuis février, le collectif Stop Bunkers – suivi par des députés et le collectif d'occupation du Grütli (lire ci-dessous) – dénonce les conditions de vie des personnes vivant sous terre. L'Hospice général et son magistrat de tutelle, Mauro Poggia, le Ministre de la Santé, reconnaissent que cette solution pose des problèmes de «dignité humaine».
Au contraire, certains, à l'instar de commentateurs sur tdg.ch, rappellent que de nombreux Suisses passent une partie de leur séjour à l'armée à dormir dans des abris PC.
«Maltraitance à long terme»
«L'armée est un contexte bien différent de la migration! réagit Pablo Sanchez-Mazas, psychiatre-psychothérapeute FMH, qui soigne des migrants au sein de l'association Appartenances. On a le choix de faire l'armée, on s'y prépare, elle donne un rôle et valorise, on ne dort qu'un temps en abri PC. De par leur parcours, les migrants sont en pleine insécurité et ont l'impression d'être hébergés en dehors de la société, dans un endroit utilisé d'habitude pour la guerre, que certains viennent justement de fuir.»
Un an et demi en abri PC
Problèmes de retraumatisation, état dépressif, cauchemars, décompensation et maladies psychosomatiques sont des pathologies que le médecin a observées chez des patients hébergés en abris PC. «Ces installations militaires ne sont adaptées qu'à des séjours de courte durée, de trois semaines au maximum», a conclu la Commission nationale de prévention de la torture dans un rapport, après avoir visité différents foyers de requérants d'asile en 2013.
Un patient suivi par Irène de Santa Ana, psychologue-psychothérapeute à Appartenances, est quant à lui resté un an et demi à l'abri PC d'Annevelle. «Quand il a pu sortir, ça a été un soulagement énorme», se souvient la thérapeute, qui parle de «situation de maltraitance sur le long terme».
Elle s'en explique: «Disparaître sous terre, ne pas pouvoir cuisiner, dormir avec la lumière allumée, dans le bruit et la proximité. Il y a des choses qui semblent être des détails, mais qui avec le temps prennent des proportions énormes. On perd ses repères, les rythmes diurnes et nocturnes et le lien avec la vie.»
Journées sans repères
Les personnes logées en abri PC ont le droit de rentrer et sortir librement. Mais beaucoup passent leurs journées dans l'abri PC, faute d'avoir le droit de travailler et d'avoir un endroit où aller, observe Denise Graf, coordinatrice réfugiés chez Amnesty International. «Dans le canton de Vaud, des centres de jour accueillent les requérants d'asile; à Genève, non, relève-t-elle. Les gens passent une bonne partie de la journée dans l'abri, sous la lumière artificielle. D'autres, en état dépressif, s'y retirent. C'est catastrophique.» Avoir un lit, même en abri PC, n'est-ce pas mieux que ce qu'offrent d'autres pays? «C'est une drôle de question, répond Irène de Santa Ana. Cela présuppose qu'on peut «sous-traiter» des gens sous prétexte qu'ils viennent de pays pauvres et où ils n'ont pas de droits; que les réfugiés déboutés n'appartiennent pas à notre Etat de droit.»
Ni l'armée suisse ni les Hôpitaux universitaires de Genève n'ont souhaité se positionner sur cette question.
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