Abandon de l’accord-cadreLa Suisse s’expose à des pénuries sans l’UE, selon UBS
À cause de la fin des négociations avec l’Union européenne, la Suisse pourrait faire face à des pénuries sur les marchés du travail ou de l’énergie, avance UBS.

La décision du Conseil fédéral de mettre un terme aux négociations sur un accord-cadre avec l’Union européenne (UE) pourrait exposer la Suisse à des pénuries sur les marchés du travail ou de l’énergie, selon UBS. À court terme, l’économie helvétique ne devrait cependant pas être affectée par ce coup d’arrêt.
Les économistes du numéro un bancaire helvétique ont ainsi reconduit leurs prévisions de croissance pour la Suisse annoncées en juin, tablant toujours sur une progression du PIB de 3,4% cette année et de 3,0% pour 2022, selon les indications fournies jeudi. Le taux d’inflation devrait se situer autour de 0,4%.
Malgré la fin des négociations entre la Suisse et l’UE, toute une série d’accords bilatéraux demeurent, rappelle UBS. Les répercussions négatives sur l’économie suisse devraient être faibles ces deux prochaines années. L’évolution conjoncturelle suit une tendance positive, dans le sillage de l’assouplissement des restrictions liées à la crise sanitaire. La grande banque évoque notamment le «besoin de rattrapage des foyers suisses» en termes de consommation.
La Banque nationale suisse (BNS) devra continuer à intervenir sur le marché des devises, afin d’éviter un renforcement du franc, surtout face à l’euro, selon les économistes du géant bancaire zurichois. Ces derniers anticipent une paire EUR/CHF à 1,10. Une hausse des taux d’intérêt n’est pas à prévoir avant 2024, selon eux.
Dans son communiqué, UBS rappelle que le destin économique de la Suisse est inextricablement lié à celui de l’Union européenne, son principal partenaire commercial. Pour les industries exportatrices helvétiques, l’accès au marché européen reste «primordial». Le renforcement de la compétitivité mondiale pourrait compenser partiellement les «dégradations» découlant de l’accord international sur la fiscalité, mais «ne pourra pas remplacer l’étroite coopération avec l’UE».
Dépendance «considérable»
La Suisse devra également puiser dans le marché du travail de ses voisins au risque de se retrouver confrontée à un sérieux problème démographique, sa population étant vieillissante, prévient l’économiste Alessandro Bee. «En 2030, il manquera jusqu’à 225’000 et, en 2040, jusqu’à 450’000 actifs. Il est peu probable que l’économie suisse puisse surmonter ce défi sans main-d’œuvre en provenance de l’UE.»
Cette dépendance peut être réduite, mais cela passera par un relèvement de l’âge de la retraite et une extension de l’offre de garde des enfants.
Sur le pan énergétique, la Suisse – qui a décidé en 2017 de sortir du nucléaire et veut réduire à zéro ses émissions de gaz à effet de serre – ne pourra pas se passer de l’UE, avertit la grande banque, parlant de «l’un des plus gros défi» pour le pays.
En attendant une extension massive des énergies renouvelables, les importations d’électricité en provenance du marché unique seront indispensables durant la phase transitoire et pendant les mois d’hiver. Pour Daniel Kalt, chef économiste d’UBS, la dépendance de la Suisse en la matière est et restera «considérable». «Il faut absolument tenir compte de ces réflexions dans la future organisation des relations économiques avec l’UE», selon lui.
Le 26 mai, le Conseil fédéral a rompu unilatéralement les négociations avec l’Union européenne sur l’accord-cadre. Le gouvernement a pris cette décision en raison des mesures d’accompagnement et la directive relative aux droits des citoyens de l’UE, «insuffisamment étayés» aux yeux de la Confédération.
ATS
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.