ClimatLa Suisse sera davantage touchée que la moyenne
Avec un réchauffement à 2 degrés, les experts du GIEC estiment que l'évolution en Suisse serait deux fois plus rapide qu'en moyenne globale.

Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré, le monde doit réduire ses émissions nettes de CO2 à zéro d'ici 2050. La Suisse, où la hausse des températures est plus prononcée, a sa carte à jouer, selon l'Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT).
Avec une augmentation globale de 2 degrés, les extrêmes de chaleur sont nettement plus marqués qu'avec 1,5 degré, ont relevé lundi à Berne des responsables de l'Académie, en marge du rapport spécial du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Cela a de graves conséquences sur la biodiversité, les écosystèmes, la santé et les infrastructures.
Aujourd'hui, on en est à un réchauffement de la planète de 1 degré et on en voit déjà les effets, comme la sécheresse de l'été 2018 en Suisse, a relevé Sonia Seneviratne, chercheuse en science du climat à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ). Il est donc impératif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Cela implique une action rapide et des adaptations majeures des comportements et modes de vie.
«En Suisse, le réchauffement est nettement plus élevé que la moyenne mondiale», a souligné la chercheuse, qui a effectué une évaluation sur la base des données de MétéoSuisse entre 1864 et 2017. Comparant un réchauffement à 2 degrés par rapport à 1,5 degré, elle a calculé que l'évolution en Suisse serait deux fois plus rapide qu'en moyenne globale.
Objectif atteignable
«Même si les mesures annoncées jusqu'à présent par les pays sont loin d'être suffisantes, l'objectif de 1,5 degré reste atteignable avec une réorganisation ciblée et continue», a ajouté Andreas Fischlin, vice-président du Groupe de travail II du GIEC.
«Beaucoup de ces changements présentent des avantages au-delà de leurs effets positifs sur le climat, en contribuant à la réalisation d'autres objectifs mondiaux de développement durable», a estimé le spécialiste. «L'an prochain sera décisif si nous voulons obtenir un renversement de tendance», selon lui.
Tout retard dans l'adoption de mesures augmente non seulement les risques qui en découlent mais limite aussi la marge de manoeuvre pour la politique et la société. Une fois qu'un certain niveau de température a été atteint, celui-ci persiste pendant des siècles, voire des millénaires.
Le seul remède restant réside alors dans les émissions dites négatives qui peuvent être réalisées à l'aide de systèmes techniques et biologiques qui éliminent le CO2 déjà émis dans l'air.
Tradition d'innovation
La Suisse peut faire valoir sa longue tradition en matière d'innovation. L'objectif climatique constitue une opportunité pour développer de nouvelles technologies susceptibles d'être exportées. Le secteur financier peut également jouer un rôle de pionnier, par exemple en rendant l'impact climatique des instruments financiers transparent.
La direction dans laquelle le monde entier doit s'engager pour enrayer le changement climatique est claire: zéro émission nette de CO2, déclare Reto Knutti, chercheur en climatologie à l'EPFZ et président de ProClim, cité dans un communiqué de la SCNAT.
Cela vaut indépendamment du fait que le réchauffement soit finalement limité à 1,5, 2 ou 3 degrés. «Plus vite on arrive à zéro émission, moins le changement climatique et ses effets seront importants.»
L'OFEV réagit
L'Office fédéral de l'environnement (OFEV) va examiner, avec les autres offices concernés, les conséquences de ce rapport pour la Suisse. Il proposera, si nécessaire, un objectif de réduction pour 2050 révisé, d'ici l'automne 2019.
En février 2015, le Conseil fédéral a approuvé un objectif indicatif de réduction des émissions de 70 à 85% à l'horizon 2050. Elles ont d'ores et déjà baissé de 8% par rapport à 1990, entre 2008 et 2012, et doivent être réduites de 20% d'ici 2020. Pour la période 2021-2030, dans le cadre de l'Accord de Paris sur le climat, la Suisse s'est engagée à diminuer les émissions de 50%.
Pour ce faire, la loi sur le CO2, le principal instrument de la politique climatique suisse, doit être révisée. Le Conseil fédéral a approuvé le projet en décembre 2017. La Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et de l'énergie du Conseil national a débuté son examen cette année.
Au niveau international aussi, les objectifs de réduction doivent être régulièrement renforcés. Les objectifs annoncés par les Etats dans le cadre de l'Accord de Paris ne sont pas suffisants pour limiter le réchauffement bien en-dessous de deux degrés, voire à 1,5 degré. Selon cet accord, les Etats sont tenus d'annoncer tous les cinq ans un objectif de réduction plus ambitieux.
L'OFEV salue la qualité des travaux du GIEC, en particulier pour établir des scénarios climatiques régionaux. De nouvelles données climatiques seront présentées par l'Office fédéral de météorologie et de climatologie MétéoSuisse et par l'EPFZ le 13 novembre prochain.
ats
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