Vitrine théâtraleLa Suisse se fait voir chez les papes
Pour la 7e fois, la Sélection suisse en Avignon (SCH) se dispersera cet été dans la ruche du Festival.

Mission plus qu’accomplie pour Laurence Pérez qui, de 2016 à 2022, s’est consacrée à donner à la scène helvétique une visibilité pérenne au sein du capharnaüm avignonnais. En six éditions, ses Sélections suisses (SCH) ont en effet révélé à la Gaule entière (et au-delà) la fine fleur de notre création théâtrale, performative et chorégraphique – citons pêle-mêle les artistes romands François Gremaud, Yan Duyvendak, Joël Maillard ou Ruth Childs. Pour lui succéder, Pro Helvetia et la Commission romande de diffusion des spectacles (Corodis), principaux financeurs du projet, ont intronisé Esther Welger-Barboza en septembre dernier: on lui souhaite pareil succès dans son rôle d’ambassadrice.
Sa SCH23, l’ancienne cheville ouvrière du Centre Dramatique National de Montreuil l’entend à son tour comme une programmation raisonnée, et non pas comme une simple «juxtaposition de spectacles». Écartelé entre six points de la Cité des papes, son «puzzle» à consonance majoritairement francophone fera résonner entre eux deux pièces de danse, deux de théâtre, une déambulation et trois lectures susceptibles d’appâter les programmateurs internationaux.

Habituellement basé à Genève, le «corps transmasculin, queer, blanc, originaire de la classe moyenne brésilienne» de Catol Teixeira interprétera «Clashes Licking» aux Hivernales. Ce solo chorégraphique de 2022, coproduit par le Théâtre de l’Usine, l’ADC et L’Abri, use de différentes prothèses pour esquisser une identité mouvante, revêche à ses assignations, à mi-chemin du fantôme de Nijinski et de l’autoportrait. Du Léman encore, Maud Blandel révélera au cloître du cimetière de la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignons «L’Œil nu», pièce pour six danseur·se·s tout juste créée à Lausanne (à l’affiche de La Bâtie à la rentrée prochaine), et focalisée sur la mort à la fois d’une étoile et du père de la chorégraphe.
À la même Chartreuse, la toujours Genevoise Marion Duval interrogera le phénomène de la représentation théâtrale en donnant à connaître la vraie «Cécile» Laporte, «écologiste, porno-activiste, spécialiste en psychotropes thérapeutiques, porte-parole de mouvements squat et défenseuse des droits des migrants»: trois heures de témoignage sur le vif, concocté en 2019. Quant à la marionnettiste Chine Curchod, elle aussi du bout du lac, elle réparera en direct son «Robot» fait d’objets et de bruits avec son acolyte le musicien lucernois Roland Bucher – une machine théâtrale qui va de panne en panne depuis 2018 pour le bonheur des petits et des grands, à découvrir au Totem.

Trois rendez-vous plus marginaux complètent la délégation. À l’enseigne du collectif Pintozor, Marion Thomas, Audrey Bersier et Maxine Reys fourniront un «Kit de survie en territoire masculiniste» à quiconque participera à leur balade immersive dans l’espace public. Dans le cadre des Intrépides – un dispositif par lequel des autrices font entendre leurs textes –, la Lausannoise Marie Fourquet lira «Échec des pourparlers». Enfin, la Genevoise Maya Bösch mettra en voix les acteurs chargés de lire deux pièces tout récemment composées respectivement par Julia Haenni et Katja Brunner.
Sélection suisse en Avignon, du 8 au 23 juillet dans six lieux de la ville, www.selectionsuisse.ch
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