La Suisse romande aura aussi son mot de l'année
Le concept, lancé en 2003 en Suisse alémanique, s'étend à tout le pays. Premier verdict en décembre.

«Les mots reflètent notre façon de fonctionner, comme individu et comme société. La langue montre ce que pensent les gens et ce qui est important pour eux. Son évolution nous informe des changements sociaux.» Le plaidoyer est celui du linguiste Daniel Perrin, professeur à la Haute Ecole des sciences appliquées de Winterthour (ZH). Son institution gère depuis le début de l'année le projet de mot de l'année et vise à lui garantir un fondement scientifique. Ce concept, qui avait été lancé en 2003 outre-Sarine, est désormais étendu aux quatre régions linguistiques.
La Suisse romande aura donc elle aussi son mot de l'année. Quatre chercheurs ont une année pour dégoter l'expression nouvelle qui y gagne en puissance. Ils utiliseront pour cela une base de données déjà existante, qui permet de compter les mots et leur apparition sur les réseaux sociaux ainsi que dans les journaux. Dès le mois de septembre, un site Internet permettra à chacun de faire une proposition. Un jury d'experts pourra encore ajouter sa contribution avant de désigner l'heureux gagnant à mi-décembre. A plus long terme, l'idée est aussi de pouvoir enregistrer le discours oral.
Hastag # mot de l'année 2014
L'idée derrière ce projet est que la langue donne le pouls d'une culture… Et dépasse parfois les frontières, voire le langage à proprement parler. En Suisse alémanique, le hashtag # a ainsi été désigné mot de l'année 2014. Le jury soulignait alors qu'il était un symbole de la communication contemporaine. D'autres termes plus classiques, comme Einkaufstourist (touriste d'achat, choisi en 2015), ont été promus.
En France, et dans une logique un peu différente, le terme «réfugiés» a été choisi pour résumer l'année 2016, lors de la 12e édition du Festival du Mot de la Charité-sur-Loire, dans la Nièvre. Laïcité, transition, twitter, parachute doré, bling-bling ou encore bravitude ont aussi été élus ces dix dernières années. Les régions francophones sont toutefois peu familiarisées avec ce concept de «mot de l'année». Ces projets connaissent en revanche un grand succès dans les pays germanophones et anglophones. Ils sont même gérés par des spécialistes de la linguistique, comme le dictionnaire Duden en Allemagne ou les Oxford Dictionaries au Royaume-Uni.
«Les Canadiens ou les Romands sont parfois montrés du doigt, on leur dit qu'ils ne parlent pas un français réglementaire»
«Beaucoup de Romands se sont plaints du fait que l'on parlait de «mot suisse de l'année» alors que jusqu'à présent, leur région n'était pas prise en compte», glisse Daniel Perrin. La chose sera donc corrigée par son équipe. Avec quel succès? La réponse n'est pas encore connue, mais de tels projets suscitent en général l'enthousiasme. C'est le cas des enquêtes menées depuis plusieurs années sur le français des régions.
«Les gens sont intéressés par de telles études parce qu'elles parlent d'eux, d'une langue qu'ils pratiquent et peuvent changer tous les jours», décrit Daniel Perrin. Et puis, les experts ne s'intéressent pas aux règles de grammaire et ne sont pas là pour traquer les fautes comme à l'école. «Les Canadiens ou les Romands sont parfois montrés du doigt, on leur dit qu'ils ne parlent pas un français réglementaire, poursuit notre interlocuteur. Ce que nous regardons, c'est comment les gens parlent et pas comment ils devraient parler. Nous leur disons que ce qu'ils font est intéressant, beau même. Et nous valorisons le fait qu'ils sont eux-mêmes.»
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