Précarité de l’aplomb. La Suisse est bien au rendez-vous des huitièmes de finale de la Coupe du monde, elle défiera le Portugal mardi soir, mais elle reste en équilibre entre deux destins. Pour qui doit assumer un statut, c’est déjà bien; pour qui veut écrire l’histoire, ce n’est pas assez.
En toile de fond, un vieil héritage, cet unique quart de finale atteint par la sélection nationale lors d’un Mondial: c’était en 1954, en Suisse (défaite 7-5 contre l’Autriche, record de buts marqués dans un match qui tient toujours). En surface, une opportunité pour Murat Yakin et les siens d’y faire écho. Comment?
Gestion du soulagement. Sortir de la phase des poules n’est jamais une sinécure. Demandez aux Allemands ou aux Belges. Cet accomplissement ne doit pas être une fin en soi non plus. Il y a là une ascèse qui interdit tout soulagement coupable. La Suisse d’il y a quelques années a déjà sacrifié à ce travers, elle ne doit plus se le permettre.
Gestion des émotions. Vendredi soir, le match décisif contre la Serbie a convoqué beaucoup d’émotions. Lumineuses et noires à la fois. Pour Xhaka, pour Shaqiri bien sûr, pour la pesanteur du contexte extrasportif en marge du succès. En 2018, la victoire contre la même Serbie, dans un même climat, avait paradoxalement pesé jusqu’à ce huitième de finale balbutié contre la Suède. La Suisse d’aujourd’hui doit savoir tourner la page. Repartir de zéro dans cette phase à élimination directe.
Gestion des ambitions. C’est bien l’ego. C’est Murat Yakin, c’est Granit Xhaka, ce sont des déclarations d’intention, des professions de foi, la promesse d’un bonheur imminent. Parfait: écrire l’histoire, puisque c’est là le leitmotiv du sélectionneur et des internationaux suisses, c’est ici et maintenant.
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Éditorial – La Suisse entre deux destins
L’accomplissement de la qualification pour la phase à élimination directe ne doit pas empêcher l’ambition. La gestion des émotions sera une des clés, mardi face au Portugal.