Et si on essayait, en Suisse, de faire baisser le volume des prestations médicales en améliorant la santé des assurés? Cette semaine, au moment d’encaisser le choc annuel de la hausse des primes, bien peu de voix se sont élevées pour réclamer une nouvelle approche. Une manière d’aborder le problème sous un autre angle.
Au lieu de cela, on assiste à la valse habituelle des accusations. Les coupables sont tantôt les assureurs, l’industrie pharmaceutique, les hôpitaux, les médecins, les politiciens, etc. Selon notre sondage Tamedia, 19% des personnes interrogées rejettent la faute sur les patients eux-mêmes: une fois le montant de leur franchise dépassé, beaucoup profiteraient du système en se livrant à une consommation médicale excessive et coûteuse.
Au chapitre des solutions, rien de nouveau non plus. Le PLR veut une concurrence accrue entre fournisseurs de soins, Le Centre un frein aux dépenses, pendant que la gauche continue à rêver d’une caisse unique et que d’autres exigent une réforme du financement des prestations et la baisse du prix des médicaments…
Hélas, le blocage reste total. La hausse moyenne de 6,6% annoncée mardi 27 septembre prolonge une spirale infernale: les primes maladie ont doublé en vingt ans. Celles et ceux qui peuvent les payer déboursent toujours plus, tandis que les autres, toujours plus nombreux, doivent compter sur les subsides étatiques pour y faire face.
«Il faut agir en amont, pour mieux s’attaquer aux maladies chroniques qui entraînent trois quarts des coûts de la santé.»
Pour sortir de ce puits sans fond, une réorientation paraît nécessaire. Il faut agir en amont, pour mieux s’attaquer aux maladies chroniques (cardiovasculaires et respiratoires, cancer, diabète) qui entraînent trois quarts des coûts de la santé. L’obésité, le manque d’activité physique et le tabagisme, pour ne citer que trois exemples, font des ravages sans que cela n’émeuve grand monde.
Que faire? Les pistes sont nombreuses et les besoins conséquents. Pensons au soutien au sport amateur, à la sensibilisation à une alimentation saine dès le plus jeune âge, à l’encouragement de la médecine préventive ou de l’ergonomie au travail. Des domaines où l’on agit déjà, certes, mais où la Suisse peut en faire davantage.
Quarante centimes par assuré
En 2009, le Conseil fédéral avait cet objectif en tête en proposant une loi sur la prévention et la promotion de la santé. Le parlement l’a coulée trois ans plus tard. Les discussions ont buté, figurez-vous, sur une enveloppe de 9 millions de francs destinée à Promotion Santé Suisse. Une fondation qui se débrouille aujourd’hui avec les 40 centimes prélevés sur la prime mensuelle de chaque assuré.
Dix ans se sont écoulés depuis ce douloureux naufrage législatif. La Suisse à tout intérêt à remettre l’ouvrage sur le métier. Cela requiert du courage et de l’ambition. De la patience aussi, car un renforcement de la prévention mettra du temps à porter ses fruits. Mais en misant sur la santé publique, la Suisse libérale peut espérer un vrai retour sur investissement. Mieux encore, un bénéfice collectif.
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La rédaction – La Suisse a intérêt à investir dans la santé publique
Dix ans après le douloureux échec de la loi sur la prévention, les coûts de la santé et les primes maladie continuent d’augmenter.